Une banque alimentaire de Windsor s’adapte pour continuer à soutenir ses clients

Des allées de fruits et légumes frais et des tablettes remplies d’une variété d’aliments. Ce n’est pas nécessairement l’image que la plupart des gens ont des banques alimentaires. Pourtant, elle reflète EXACTEMENT l’approche de certaines banques alimentaires, dont le Unemployed Help Centre (UHC) de Windsor. 

« Le Unemployed Help Centre de Windsor est presque une épicerie. C’est l’approche que nous préconisons, affirme June Muir, chef de la direction. En d’autres mots, lorsqu’on entre dans la banque alimentaire, c’est exactement comme si on allait à l’épicerie. On peut choisir les produits qu’on aime et qu’on utilise. Nous faisons de notre mieux pour nous assurer d’offrir des options diversifiées et des aliments nutritifs afin que les gens puissent faire des choix sains. Nous pouvons manger ce dont nous avons envie, et nous voulons que les clients aient cette même possibilité. Notre banque alimentaire est le carrefour de 15 banques alimentaires membres de la Windsor Essex Food Bank Association. » 

Et ce n’est pas tout. 

« Le Unemployed Help Centre est un véritable carrefour d’occasions. Nous avons mis sur pied 26 programmes et services auxquels les gens peuvent accéder en un seul endroit. Nous offrons divers services d’emploi et services aux nouveaux arrivants, des ateliers culinaires, des programmes pour les jeunes et de nombreuses activités dans notre cuisine communautaire. De plus, le conseil scolaire de district du comté du Grand Essex offre des cours reconnus dans cette cuisine. Les élèves pour lesquels le cadre scolaire typique ne convient pas peuvent s’inscrire à notre programme culinaire et obtenir des crédits en vue de recevoir leur diplôme de 12e année. Beaucoup viennent nous voir parce qu’ils se sentent comme chez eux et qu’ils développent un sentiment d’appartenance. Nous vivons également dans une région qui compte le plus grand nombre de serriculteurs en Amérique du Nord. Ainsi, nous récupérons beaucoup de fruits et légumes frais que nous distribuons partout en Ontario, y compris dans le Nord. Nous aidons non seulement nos communautés, mais aussi d’autres qui sont plus éloignées. » 

Malheureusement, la pandémie a eu des répercussions importantes sur les banques alimentaires. Toutefois, le besoin subsistait, et les banques alimentaires savaient que malgré la mise en place des mesures de confinement, elles devaient continuer d’être là pour les personnes dans le besoin en s’adaptant à la situation. 

« La pandémie a rendu les choses difficiles parce qu’en raison des directives de santé publique, nous avons dû fermer nos banques alimentaires de type épicerie, et certaines banques alimentaires n’accueillaient des clients que sur rendez-vous. Windsor a été l’une des communautés les plus durement touchées par la pandémie. Nous nous sommes vite rendu compte qu’il fallait passer à l’action, alors nous avons ouvert cinq carrefours alimentaires de type service au volant et à pied. Le maire a collaboré avec nous en réaffectant ses employés pour nous aider à préparer des paniers alimentaires et à les distribuer. Ces carrefours ont également permis aux membres de nos banques alimentaires d’avoir l’esprit tranquille en sachant que leurs clients continueraient d’avoir accès à de la nourriture malgré le fait qu’ils avaient dû fermer leurs portes pendant la pandémie. Nous avons aussi mis en place une ligne de dépannage alimentaire pour permettre aux gens sans moyen de transport ou en quarantaine de demander une livraison de denrées. Cela a été rendu possible grâce à notre collaboration avec la Société de l’aide à l’enfance, qui a réaffecté ses employés à la livraison de nos paniers alimentaires deux fois par semaine. Ce coup de main était bienvenu, particulièrement lorsque les autobus de ville ont cessé leurs activités pendant plusieurs semaines. À l’arrivée du temps froid, nous avons dû retourner à l’intérieur de notre banque alimentaire et utiliser un convoyeur à courroie pour distribuer les paniers aux clients. Cependant, une fois que la météo sera clémente, nous aimerions réinstaller nos carrefours alimentaires de type service au volant. La pandémie n’a pas ménagé les banques alimentaires, et les paniers ne permettent pas aux gens de faire leurs propres choix, mais c’est hors de notre contrôle. Pour compenser, nous demandons aux gens de nous appeler s’ils veulent un aliment en particulier, et nous essaierons de leur en donner. » 

Beaucoup de partenariats essentiels se sont formés pendant la pandémie, ce qui a donné lieu à des réalisations qui n’auraient peut-être jamais vu le jour autrement. 

« Sans l’appui du maire, nous n’aurions pas pu préparer les paniers dans l’aréna. Malheureusement, nous ne comptons plus que trois travailleurs réaffectés, car les autres ont dû reprendre leur travail. La bonne nouvelle, c’est que nous avons établi d’excellentes relations qui se maintiendront longtemps après la pandémie. Nous sommes très fiers que notre communauté se soit unie au moment où nous en avions le plus besoin. Lorsque les mesures de confinement seront levées, nous nous attendons à avoir plus de bénévoles, ce qui nous aidera à répondre à la demande. Pendant la pandémie, nous avons également reçu beaucoup de soutien de la part des Canadiens. Cela nous a permis d’en faire beaucoup, comme acheter des produits alimentaires variés. À Windsor, bon nombre d’étudiants étrangers, ainsi que des nouveaux arrivants et des travailleurs migrants, n’ont pas les moyens de se payer de la nourriture, et nous avons pu les aider. Nous avons aussi pu acheter de plus grandes quantités d’aliments nutritifs comme du yogourt, du fromage, du lait, de la viande et plus particulièrement de la viande halal. Enfin, nous avons aussi pu distribuer des fonds à nos 15 banques alimentaires. Certaines d’entre elles n’avaient pas les moyens de payer leur loyer ou d’acheter des cartes-cadeaux pour leurs clients, alors nous étions heureux de pouvoir leur offrir notre aide. Nous n’aurions pas pu y arriver sans le soutien de Feed Ontario et de Banques alimentaires Canada! » 

Les clients des banques alimentaires vont et viennent au fil des ans, mais pour June, plusieurs d’entre eux garderont toujours une place spéciale dans son cœur.  

« J’aime toujours faire un travail pratique à notre banque alimentaire. Je veux être présente et être près des gens parce que j’adore ça. Je rencontre de nombreux clients formidables qui ne cherchent qu’à avoir de l’aide dans un environnement non stigmatisant. Je me souviens qu’il y a des années, une femme m’a dit que c’était l’anniversaire de sa fille, mais qu’elle n’avait pas de cadeau à lui offrir et ne pouvait pas lui organiser de fête. Elle a simplement dit : “Je veux juste partager un repas en famille.” Ça m’a vraiment brisé le cœur. Je voulais vraiment lui donner un gâteau, parce que je ne pouvais pas concevoir que je ne pourrais pas l’aider. Nous en avons donc cuisiné un en suivant une recette rapide que nous avons trouvée en ligne. Nous lui avons donné beaucoup de nourriture, mais aussi tous les aliments nécessaires pour préparer un souper de tacos, spécialement pour le repas d’anniversaire. Comme nous recevons beaucoup de dons de jouets, nous avons pu trouver un cadeau pour sa fille. Quand la femme est arrivée, elle était désespérée, mais elle est repartie pleine de gratitude et le sourire aux lèvres ». 

Les banques alimentaires seront les premières à vous dire qu’elles ne sont pas la solution à l’insécurité alimentaire, mais en attendant, elles veulent être là pour les personnes dans le besoin. 

« Nous savons que nous ne sommes pas la solution à long terme à l’insécurité alimentaire, mais entre-temps, nous ne pouvons pas laisser nos voisins souffrir de la faim. Les 15 banques alimentaires membres de la Windsor Essex Food Bank Association se réunissent tous les deux mois pour discuter de la façon dont nous pouvons continuer à subvenir aux besoins des personnes vivant dans l’insécurité alimentaire. Nous sommes reconnaissants du soutien que nous avons reçu pendant la pandémie, mais nous savons qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons hâte que les mesures de confinement prennent fin pour que nous puissions revenir à notre modèle d’épicerie et travailler avec d’autres communautés pour fournir des services à ceux qui ont besoin de nous, jusqu’à ce que leur situation s’améliore. »