C+ Fiche de Rendement du Québec

Section 1: Expérience de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
La situation des gens est moins bonne que l’an dernier
37.7%
B-
B+
Personnes qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer
40.5%
F
D+
Les bénéficiaires du soutien gouvernemental qui affirment que les taux sont insuffisants pour suivre le coût de la vie
44.4%
D
C-
Personnes ayant de la difficulté à accéder aux soins de santé
13.5%
C
C
Pourcentage du revenu consacré aux coûts fixes au-delà du loyer
54.6%
C+
D+
Dans l'ensemble
D+
C

Section 2: Mesures de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Taux de pauvreté (MPC)
6.6%
C+
A-
L’aide sociale provinciale en pourcentage du seuil de pauvreté (adultes vivant seuls)
89%
A
L’aide aux personnes provinciale en situation de handicap en pourcentage du seuil de pauvreté
69%
C
Taux de chômage
5%
D+
C
Taux d’insécurité alimentaire
15.7%
B-
A-
Dans l'ensemble
B-
B+

Section 3: Défavorisation matérielle

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Niveau de vie inadéquat
30.2%
C-
D+
Niveau de vie gravement inadéquat
20.8%
C+
D+
Dans l'ensemble
C
D+

Section 4: Progrès législatifs

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Progrès législatifs
B
B
Dans l'ensemble
B
B
×

Si le Québec demeure au premier rang au pays au niveau des mesures de réduction de la pauvreté, l’écart qui le sépare des autres provinces se rétrécit. . Le Québec doit mettre davantage l’accent sur la réduction de la pauvreté en 2024 et continuer de faire preuve de leadership dans le secteur.


Aperçu de la pauvreté

Selon notre sondage national, la réduction du coût des aliments, l’amélioration des soins de santé et le logement abordable sont les enjeux les plus importants liés à la pauvreté au Québec. Alors que le taux de pauvreté de 6,6 % au Québec était inférieur à celui de l’ensemble du Canada (9,9 %), de nombreux habitants de la province peinent encore à joindre les deux bouts. En 2023, le nombre d’usagers des banques alimentaires du Québec a presque doublé par rapport à 2019. 
Malgré cette augmentation massive du recours aux banques alimentaires par rapport à 2015, la province a atteint ou dépassé le rythme de réduction de la pauvreté du reste du Canada pour pratiquement tous les groupes démographiques, un exploit qui souligne le leadership considérable dont le Québec a fait preuve en matière d’établissement de politiques solides et crédibles pour réduire la pauvreté. Bien que cette section du rapport détaille les points à améliorer, de nombreuses autres provinces peuvent voir dans le Québec une source d’inspiration pour l’élaboration de politiques de premier ordre. 
Les taux de pauvreté des enfants, des jeunes et des personnes âgées au Québec demeurent semblables ou inférieurs aux moyennes nationales. 
Comme dans une grande partie du pays, les personnes vivant seules sont confrontées à un taux de pauvreté beaucoup plus élevé que les autres groupes, soit environ 17 %. Bien qu’il s’agisse de 4 points de pourcentage de moins que la moyenne nationale, ce taux demeure élevé et inacceptable. De même, le taux de pauvreté est de 10 % chez les familles monoparentales. Bien que ce taux soit inférieur à la moyenne nationale, il est également supérieur de près de 8 points de pourcentage au taux des ménages biparentaux.

Le coût de la vie et le logement abordable

Entre décembre 2022 et décembre 2023, le prix global des biens et des services au Québec a augmenté de 4 %, comparativement à 3,4 % dans l’ensemble du Canada, selon l’Indice des prix à la consommation. 
Le Québec a connu une augmentation de 5,7 % du prix des aliments, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne nationale de 5 %. Il est toutefois important de noter que l’inflation des prix alimentaires s’est considérablement atténuée en 2024 dans la province, après avoir été la deuxième plus élevée au pays l’année précédente. Compte tenu du nombre de personnes au Québec qui estiment qu’il est important de réduire le coût des aliments (95 %), de nombreux ménages sont probablement encore aux prises avec cette augmentation historique, malgré le récent ralentissement de la croissance des prix. 
Toutefois, le marché du logement au Québec est l’un des plus abordables au pays, et seulement 3,5 % des ménages sont considérés comme ayant des besoins impérieux en matière de logement. 
Malgré tout, certaines pressions s’accumulent sous la surface. Le coût moyen du logement a augmenté de 6,8 % au Québec, alors qu’à l’échelle nationale, il a augmenté de 6 %. Toutefois, certains coûts liés au logement ont connu des hausses plus élevées. Par exemple, le coût de propriété d’un logement au Québec a augmenté de 8,2 %, soit la plus forte hausse parmi les provinces. 
Parallèlement, le coût global des loyers a augmenté de 6,8 % au Québec. Cette hausse est inférieure à la moyenne nationale, mais elle a tout de même un effet néfaste sur de nombreux ménages. Plus des deux tiers des usagers des banques alimentaires de la province étaient des locataires. Les locataires représentent une petite partie de la population, mais ils sont largement surreprésentés dans les banques alimentaires. 
Entre 2016 et 2023, le parc total de logements sociaux avec service de soutien au loyer a augmenté de 8,1 %, soit environ un tiers de moins que la moyenne nationale de 12 %. Cela reflète un manque de financement systématique et de stratégie politique à l’échelle provinciale pour stimuler la construction de logements abordables supplémentaires. 
Dans l’ensemble, la proportion de personnes au Québec qui affirment que la création de logements abordables est importante pour elles est 4 % plus élevée que la moyenne nationale.

Pauvreté et inégalité au Québec

Le Québec est aux prises avec des disparités socioéconomiques, des clivages linguistiques et des difficultés liées à l’intégration des immigrants. Les communautés autochtones, les personnes racisées et les groupes marginalisés sont confrontés à des obstacles en matière d’accès à l’éducation, à l’emploi et aux services sociaux. Bien que la tendance des taux de pauvreté inférieurs à la moyenne se confirme dans l’ensemble des communautés racisées au Québec, ces dernières affichent encore des taux de pauvreté beaucoup plus élevés que les communautés non racisées. 
À titre d’exemple, le taux de pauvreté est de 8 % chez les Autochtones, de 14,5 % chez les immigrants récents, de 39,2 % chez les résidents non permanents et de 12 % pour l’ensemble des personnes racisées au Québec. Lorsqu’on compare ces chiffres au taux de pauvreté moyen de 6,6 % à l’échelle de la province, il est clair qu’il faut agir pour réduire les inégalités qui existent entre les communautés racisées et non racisées. 
Au Québec, le pourcentage de ménages racisés qui allouent plus de 30 % de leur revenu au loyer et aux services publics (34 %) est presque le même que celui des ménages non racisés (33 %). Toutefois, certains groupes, notamment les résidents chinois et d’Asie occidentale, sont beaucoup plus susceptibles de consacrer plus de 30 % de leur revenu au loyer et aux services publics (49 % et 48 %, respectivement). Le taux de ménages autochtones qui dépensent ainsi plus de 30 % de leur revenu est inférieur de 3 points de pourcentage à celui des ménages non autochtones de cette province.

Travail et éducation

Le taux d’activité dans la province est relativement élevé dans l’ensemble de la population active. Toutefois, les jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni employés, ni étudiants, ni stagiaires sont particulièrement exposés à un risque de pauvreté. En 2022, 10 % des jeunes du Québec étaient dans cette situation comparativement à 11 % dans l’ensemble du Canada. L’éducation est un facteur essentiel pour protéger la population contre la pauvreté. Parmi les adultes du Québec âgés de 25 à 64 ans, 14,5 % n’avaient pas de diplôme d’études secondaires ou équivalent, ce qui est supérieur au taux national de 11,6 %. Le taux était toutefois plus élevé chez les hommes au Québec, soit 17,3 %. 
De plus, environ un usager des banques alimentaires sur cinq dans la province faisait partie de la population active. Ce nombre n’a cessé de croître depuis plusieurs années et indique que le coût de la vie au Québec, et même dans l’ensemble du Canada, dépasse largement la hausse des salaires.

La pauvreté et l’insécurité alimentaire au Québec sont les plus faibles au Canada, notamment grâce à des décennies d’efforts stratégiques soutenus des gouvernements provinciaux successifs. Bien que ces efforts aient positionné le Québec comme un chef de file en matière de réduction de la pauvreté, la province ne doit pas se reposer sur ses lauriers.

Le Québec a été la première juridiction canadienne à établir une stratégie de réduction de la pauvreté. Cette stratégie a été présentée il y a plus de 20 ans et est mise à jour tous les cinq ans. La stratégie révisée pour 2024-29 devrait être publiée plus tard cette année.

Depuis le début de la crise d’abordabilité, le gouvernement provincial a mis l’accent sur trois mesures clés :

Ces mesures permettront d’alléger une partie du fardeau que vit la population à faible revenu. Toutefois, elles ne correspondent pas aux ambitions des gouvernements précédents en matière de lutte contre la pauvreté. La grande majorité du programme de soutien financier du gouvernement prend la forme de réductions d’impôt qui aident les ménages à revenu moyen et supérieur, même si les personnes à faible revenu ont connu la baisse la plus importante du niveau de vie pendant cette période. Seulement 1 % des 30 milliards de dollars alloués ont été affectés à l’augmentation des allocations de logement, ce qui soutiendrait les personnes les plus vulnérables de la province à un moment où l’abordabilité du logement s’est considérablement aggravée.

L’approche du gouvernement en matière d’investissements dans le logement a été tout aussi décevante. Les frais de logement pourraient bien être beaucoup plus abordables au Québec que dans les autres provinces, mais les investissements sont aussi insuffisants pour créer une nouvelle offre de logements abordables. À un moment où l’écart d’offre de logements au Québec augmente plutôt que diminue, la province ne dispose pas d’un cadre solide à long terme pour stimuler la construction de nouveaux logements abordables.

L’annonce, l’automne dernier, d’un plan de construction de 8 000 logements a été largement motivée par le besoin politique d’égaler les investissements fédéraux dans ce domaine provenant du Fonds pour l’accélération du logement. Les 8 000 logements que la province propose d’aider à construire correspondent à moins de 1 % de ce qu’estime nécessaire la Société canadienne d’hypothèques et de logement d’ici 2030. Le plan ne prévoit pas non plus d’investissement soutenu au-delà de la période initiale, ce qui signifie que les municipalités et les organismes sans but lucratif ne peuvent pas prendre de décisions de planification à long terme. Si la province avait réaffecté ne serait-ce que 10 % de ses mesures de soutien financier à la construction de logements abordables, elle aurait été en mesure de soutenir près de 15 000 logements supplémentaires au cours des prochaines années.

Dans le rapport de l’an dernier, nous avons exhorté la province à envisager d’instaurer un soutien financier ciblé qui pourrait, au fil du temps, se transformer en prestation alimentaire à faible revenu. Elle ne l’a pas fait, préférant plutôt verser un paiement ponctuel d’abordabilité de 500 $ pour les familles gagnant moins de 100 000 $. Toutefois, même si ces mesures de soutien temporaires prennent fin, le Québec continue d’offrir les prestations d’aide sociale les plus généreuses au pays.

Les paiements d’abordabilité, comme de nombreux autres crédits et déductions, ont été versés par le biais du régime fiscal et exigent que les résidents produisent une déclaration pour 2021. Le Québec a l’un des taux de non-déclaration les plus bas au pays. Environ 6 % de la population ne produit pas de déclaration de revenus et pourrait donc se voir refuser les prestations auxquelles elle pourrait avoir droit. L’an dernier, le gouvernement provincial a annoncé son intention de lancer un projet pilote pour encourager et aider les résidents à faible revenu à produire leur déclaration de revenus. Cela est conforme à l’objectif du gouvernement fédéral, mais semble fonctionner plus lentement. Selon le Québec, il faudra jusqu’à cinq ans pour évaluer si un système de déclaration automatique devrait être mis en place de façon plus systématique afin d’augmenter davantage les taux de déclaration pour tous les ménages.

Le budget provincial de 2024 prévoit un déficit de plus de 9 milliards de dollars, ce qui représente environ 1,5 % du PIB. En réponse, la province s’est engagée à effectuer un examen important des dépenses de programmes au cours des prochaines années dans l’espoir d’équilibrer les comptes d’ici 2029-30. Bien que peu de détails sur cet examen des dépenses aient été communiqués à ce jour, il existe un risque que cet examen entraîne une diminution des investissements dans les politiques de réduction de la pauvreté dans un avenir rapproché.

Même si le Québec présente le plus faible niveau d’insécurité alimentaire modérée ou grave de toutes les provinces et de tous les territoires, la crise d’abordabilité a fait augmenter considérablement la demande dans les banques alimentaires et pour l’aide alimentaire d’urgence.

Une tendance alarmante observée par les banques alimentaires est le nombre croissant de visiteurs dont le revenu principal provient d’un travail n’arrivant plus à couvrir toutes leurs dépenses. Les banques alimentaires ont également constaté une augmentation de la demande de travailleurs saisonniers et temporaires qui travaillent dans des usines comme les usines d’emballage de poisson ou les fermes, ainsi que d’étudiants étrangers et de nouveaux immigrants.

Le gouvernement provincial avait déjà fourni une aide importante aux banques alimentaires, dont 23 millions de dollars l’an dernier, et il a récemment annoncé qu’il verserait 26 millions de dollars en 2024-2025. Bien que cette aide accrue soit la bienvenue, elle ne permet pas aux centres de planifier et de répondre aux besoins de leur clientèle locale; plus important encore, elle s’attaque aux symptômes de la pauvreté plutôt qu’à ses causes fondamentales.

Responsabilité

1. Élaborer une nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté dans le but ambitieux de mettre fin à la pauvreté d’ici 2030.
Le Québec ayant réduit de près des deux tiers le taux de pauvreté, passant de 13,5 % en 2015 à 5,2 % en 2021, il pourrait le ramener à près de zéro. Mais cela nécessitera un leadership fort. Un axe prioritaire précoce et réalisable de la stratégie pourrait être l’offre de prestations pour les familles. Le soutien du revenu provincial et les autres transferts correspondent déjà à 92 % du seuil de pauvreté fixé par la mesure du panier de consommation pour un couple avec deux enfants, et à 81 % pour les familles monoparentales avec un enfant.

Logements abordables

2. Accélérer la construction de logements locatifs abordables spécialisés.

Bien que la province ait récemment annoncé de nouveaux investissements dans la construction de logements abordables, elle manque de financement soutenu à long terme ainsi qu’à une échelle qui fera une réelle différence. Nous recommandons de réserver trois milliards de dollars supplémentaires au cours des cinq prochaines années. Cela équivaudrait à seulement 10 % de l’engagement actuel du gouvernement en matière de réductions d’impôt et de soutien financier et contribuerait à construire près de 15 000 logements de plus que ce que la province prévoit d’aider à construire actuellement. Toute réduction d’impôt future devrait idéalement être axée sur les familles à faible revenu et donner lieu à un placement de 10 % dans le logement. Cela sera plus efficace à long terme pour favoriser une abordabilité financièrement responsable et économiquement avantageuse.

Coût de la vie et travail décent

3. Faire du salaire minimum un salaire de subsistance.

Le salaire minimum au Québec est toujours inférieur d’au moins 1 $ l’heure à celui de l’Ontario. Les récentes augmentations n’ont pas suffi à le transformer en salaire de subsistance. Le gouvernement du Québec devrait adopter une politique pour agir rapidement afin d’égaler le salaire minimum en Ontario et travailler plus fort pour établir une politique de salaire de subsistance. Un salaire minimum égal à celui de l’Ontario permettrait d’augmenter considérablement le revenu des travailleurs à faible revenu sans compromettre la compétitivité ou l’emploi.

4. Élargir le perfectionnement des compétences et créer des voies d’accès aux métiers et aux bons emplois.

La province devrait élaborer une stratégie pour élargir considérablement les possibilités de perfectionnement et de recyclage des compétences pour les adultes qui ont déjà obtenu des niveaux d’apprentissage plus élevés. Pour appuyer notre recommandation d’accroître les investissements dans la construction de logements abordables, ce programme pourrait d’abord viser à encourager un plus grand nombre de travailleurs à se lancer dans les métiers de la construction. Cela contribuerait à créer davantage d’emplois bien rémunérés pour les travailleurs qui risquent de vivre dans la pauvreté et à établir une base solide d’abordabilité du logement dont toute la population peut bénéficier.

5. Établir la parité pour l’aide sociale aux personnes handicapées.

Le Québec est la seule province au pays où les personnes handicapées reçoivent moins d’aide (près de 5 000 $ de moins) que les personnes qui sont en mesure d’intégrer le marché du travail. Cet écart s’ajoute aux défis auxquels font déjà face les personnes handicapées. Nous recommandons à la province d’harmoniser les prestations d’aide aux personnes handicapées aux prestations d’aide aux personnes sans handicap.

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