C- Fiche de Rendement de l’Île-du-Prince-Édouard

Section 1: Expérience de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
La situation des gens est moins bonne que l’an dernier
52.2%
F
D-
Personnes qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer
28.2%
A-
D
Personnes ayant de la difficulté à accéder aux soins de santé
17.6%
D
F
Les bénéficiaires du soutien gouvernemental qui affirment que les taux sont insuffisants pour suivre le coût de la vie
40.7%
D+
A-
Pourcentage du revenu consacré aux coûts fixes au-delà du loyer
54.3%
C+
D
Dans l'ensemble
C-
C-

Section 2: Mesures de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Taux de pauvreté (MPC)
9.8%
F
D+
L’aide sociale provinciale en pourcentage du seuil de pauvreté (adultes vivant seuls)
64%
C+
L’aide aux personnes provinciale en situation de handicap en pourcentage du seuil de pauvreté
71%
C+
Taux de chômage
7.4%
F
F
Taux d’insécurité alimentaire
28.6%
F
F
Dans l'ensemble
D-
D

Section 3: Défavorisation matérielle

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Niveau de vie inadéquat
28.1%
B-
A-
Niveau de vie gravement inadéquat
20.7%
C+
B+
Dans l'ensemble
C+
A-

Section 4: Progrès législatifs

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Progrès législatifs
B
D
Dans l'ensemble
B
D
×

Après une année riche en mesures politiques à l’Î.-P.-É., les résidents peuvent espérer une haute du niveau de vie dans la province. Bien que les notes des fiches de rendement ne reflètent peut-être pas une population florissante et prospère, la situation de faibles revenus et de pauvreté devrait bientôt s’améliorer si l’Î.-P.-É. poursuit sur cette voie.

Aperçu de la pauvreté

L’Î.-P.-É. affiche un taux de pauvreté de 9,8 % relativement semblable à celui de l’ensemble du Canada (9,9 %). De 2015 à 2021, le taux de pauvreté de l’Î.-P.-É. a diminué de près de la moitié, une baisse environ 7 % plus rapide que la moyenne nationale. Entre 2015 et 2021, le taux de pauvreté de l’Î.-P.-É. a diminué de près de la moitié, soit une baisse environ 7 % plus rapide que la moyenne nationale.

Bien que la province affiche des taux de pauvreté globaux relativement comparables à ceux de l’ensemble du Canada, certains grands groupes démographiques de l’Î.-P.-É. sont aux prises avec des taux de pauvreté plus élevés. Le taux de pauvreté chez les enfants y est de 10,2 %, ce qui est nettement plus élevé que le taux national de 8,5 %. De même, les personnes âgées (de 65 ans et plus) vivant seules affichent un taux de pauvreté de 12,3 %, tandis que la moyenne nationale est de 10 %. Pour tous les adultes qui vivent seuls, y compris les personnes âgées, le taux de pauvreté est de 21 %. Bien que ce nombre soit semblable à la moyenne nationale, il s’agit d’un chiffre inquiétant qui mérite l’attention du gouvernement.

Les familles monoparentales rencontrent également des difficultés, comme c’est le cas dans tous les territoires et toutes les provinces du Canada. Le taux de pauvreté des adultes vivant seuls et ayant à un ou plusieurs enfants à charge était de 15 %, ce qui est semblable au taux national de 14,4 %, et 15 % de tous les usagers des banques alimentaires de la province faisaient partie de familles monoparentales. Le taux de pauvreté des couples avec enfants à l’Î.-P.-É. est de 5,3 %.

En ce qui concerne la réduction de la pauvreté à l’Î.-P.-É., les solutions les plus efficaces viseraient à réduire le coût des aliments, à améliorer les soins de santé, à réduire les impôts des ménages à faible revenu et à accroître le nombre de logements abordables. Parmi ces solutions, les soins de santé ressortent comme un problème important : 85 % (taux le plus élevé au Canada et de près de 20 points de pourcentage au-dessus de la moyenne nationale) des habitants de l’île ont déclaré qu’un système de santé plus solide était très important et que la toxicomanie constituait un problème qui devait être réglé dans leur communauté (65 %, ou 13 points de pourcentage au-dessus de la moyenne nationale). 


Travail et éducation

Il est bien connu que la population de l’Î.-P.-É. est vieillissante (les résidents de 65 ans et plus représentaient 21 % de la population en 2023), mais la province affiche également la deuxième croissance démographique la plus rapide au Canada. L’âge médian a donc chuté. Cela s’est traduit par la croissance de l’emploi la plus rapide au pays; le nombre d’insulaires ayant un emploi a augmenté de près de 6 % en 2023.

D’après l’enquête démographique de cette année, le travail est l’un des problèmes les plus importants pour les personnes de l’Î.-P.-É. En janvier 2024, le taux de chômage de l’Î.-P.-É. était de 7,7 %, ce qui est semblable à celui d’il y a un an, mais supérieur au taux national de 5,7 %.

Plus important encore, l’Î.-P.-É. est la province où le plus grand nombre de personnes déclarent que les bas salaires nuisent à leur capacité à joindre les deux bouts (43 %). Un tiers de tous les usagers des banques alimentaires de l’Î.-P.-É. étaient des personnes ayant un emploi en 2023, soit le taux le plus élevé au pays. En outre, 38 % des gens affirment qu’il est difficile d’accéder à un emploi stable dans leur localité (8 points de pourcentage de plus que la moyenne nationale). La santé mentale est l’un des facteurs importants qui peuvent avoir une incidence sur cette situation. Près du quart des habitants de la province affirment que leur santé mentale a une incidence sur leur capacité à travailler, à gérer leurs finances ou à travailler efficacement (le taux le plus élevé parmi toutes les provinces).

Alors que les problèmes de santé mentale empêchent les gens d’améliorer leur situation financière, le manque de connaissances sur le régime fiscal empêche également les personnes à faible revenu de bénéficier des principales prestations auxquelles elles sont admissibles. Plus de 60 % des ménages de l’Î.-P.-É. déclarent ne pas savoir à quels avantages fiscaux ils ont droit – ce taux est de 25 points de pourcentage supérieur à la moyenne nationale.

Compte tenu de cela, la population active de l’Î.-P.-É. pourrait se sentir vraiment privée de ses droits et mal soutenue par le gouvernement. 


Pauvreté et inégalité à l’Î.-P.-É.

Les limites de la diversification, l’emploi et le chômage saisonniers et les changements démographiques, qui contribuent à la pauvreté et aux inégalités dans la province, sont des problèmes majeurs à l’Î.-P.-É. Les Autochtones, les nouveaux arrivants et les ménages à faible revenu se heurtent à des obstacles en matière d’accès à un logement abordable, à des soins de santé et à l’éducation. En ce qui concerne les niveaux de revenu, les personnes racisées sont près de cinq fois plus susceptibles d’avoir un faible revenu que les personnes qui ne le sont pas (24,4 % et 4,9 %, respectivement).

Le taux de pauvreté chez les personnes insulaires racisées (27,3 %) représentait plus du double du taux global canadien (12,1 %) en 2021. De plus, la majorité (86 %) des personnes racisées étaient des immigrants de première génération (nés en dehors du Canada) qui affichaient un taux de pauvreté de 30 %, soit plus du double du taux national global de ce groupe (14,1 %).

Le taux de pauvreté était de 15,4 % chez tous les immigrants, mais de 23,8 % chez les immigrants récents. Le taux national global de pauvreté chez les immigrants récents est de 16,1 %. Il s’agit d’une question préoccupante qui mérite d’être suivie de près, particulièrement à la lumière du récent boom démographique de l’Î.-P.-É.

Les résidents non permanents (les personnes qui ont un permis de travail ou d’études ou qui ont demandé le statut de réfugié) représentent une faible part (environ 3 %) de la population et leur taux de pauvreté était de 43 %.

Le taux de pauvreté dans la population autochtone de l’Î.-P.-É. était de 12 %, soit le même que celui de l’ensemble du Canada (12 %) pour ce groupe, mais tout de même plus élevé que celui des personnes non autochtones.

De toutes les provinces canadiennes, L’Î.-P.-É. est à égalité avec la Nouvelle-Écosse, les deux provinces ayant les taux globaux d’insécurité alimentaire les plus élevés. Les personnes qui vivent déjà une situation financière difficile en raison d’une combinaison d’un faible revenu et des coûts de logement élevés sont également les plus susceptibles d’être en situation d’insécurité alimentaire accrue. Le renforcement des filets de sécurité sociale, l’investissement dans le développement économique durable et la promotion de politiques inclusives sont essentiels pour promouvoir l’équité et l’inclusion à l’Î.-P.-É.


Le coût de la vie et le logement abordable

Entre décembre 2022 et décembre 2023, le prix global des biens et services à l’Î.-P.-É. a augmenté de 2,6 %. Cette hausse était légèrement inférieure à celle de l’ensemble du Canada (3,4 %), mais c’est à l’Île-du-Prince-Édouard que l’augmentation du prix des aliments a été la plus élevée, soit 7,1 % au cours de cette période.

Cette augmentation expliquerait en partie la hausse de près de 30 % du nombre d’usagers de banques alimentaires à l’Île-du-Prince-Édouard entre mars 2022 et mars 2023. De plus, 80 % des habitants de l’île sont d’accord pour dire qu’il est très important de réduire le coût des aliments (10 points de pourcentage de plus que la moyenne nationale).

Le coût global du logement est néanmoins demeuré stable à l’Î.-P.-É., comparativement à l’augmentation de 6 % observée dans l’ensemble du Canada. Toutefois, 30 % des personnes, soit le taux le plus élevé parmi toutes les provinces, ont déclaré avoir eu de la difficulté à trouver un logement adéquat. Comme dans toutes les autres provinces, les locataires de l’Île-du-Prince-Édouard sont plus aux prises avec la pauvreté et l’insécurité alimentaire que les propriétaires de logements (avec ou sans hypothèque). Près de 60 % des usagers des banques alimentaires sont des locataires. L’Î.-P.-É. affiche également le taux le plus élevé de locataires de logements sociaux qui sont des usagers de banques alimentaires.

Compte tenu du taux d’inoccupation d’environ 1 %, ces problèmes risquent de persister. La croissance démographique continue et l’absence d’investissement accru dans le logement et dans le développement d’options de logement abordable pour tous les habitants de l’île mettront à rude épreuve la capacité de la province d’offrir un logement abordable à tous.

L’Île-du-Prince-Édouard dispose de l’une des meilleures stratégies provinciales de réduction de la pauvreté au Canada grâce à son large soutien et à son engagement multipartite à cet égard. La stratégie comporte des objectifs clairs et mesurables, comprend un engagement en matière de mises à jour et de productions de rapports régulières, et porte une attention particulière à l’insécurité alimentaire, en plus d’intégrer une ventilation de différents indicateurs, et non seulement une réduction massive des taux moyens de pauvreté.

Malgré le fort leadership du gouvernement, le budget provincial de 2024 a été critiqué, car les investissements prévus dans les domaines clés de lutte contre la pauvreté sont minimes. Il répond toutefois à plusieurs des recommandations formulées dans notre fiche de rendement de l’an dernier. Par exemple, la province a annoncé que les familles dont le revenu net est inférieur à 80 000 $ commenceront à recevoir une prestation provinciale pour enfants libre d’impôts en plus de leur Allocation canadienne pour enfants à compter de janvier 2025. Bien qu’elle n’offrira d’abord qu’un soutien annuel maximal de 360 $ par enfant, cette mesure comblera une lacune relevée lors de notre comparaison de l’Île-du-Prince-Édouard à d’autres provinces.

L’Île-du-Prince-Édouard a également annoncé son intention d’augmenter les taux d’aide sociale de 5 % pour 2024, ce qui dépasse légèrement le niveau d’inflation de 2023. Bien que la province se soit gardée d’indexer officiellement et de façon permanente les tranches d’imposition et l’aide sociale comme nous l’avions recommandé, cette augmentation des taux d’aide sociale est un premier pas dans la bonne direction. La province devrait aller de l’avant avec l’indexation officielle pendant qu’elle poursuit son engagement d’accroître la générosité de l’exemption personnelle de base et d’autres crédits d’impôt.

Les récents défis du marché immobilier et les faibles taux d’inoccupation ont incité le gouvernement provincial à intensifier les investissements dans la construction de logements, et ce, dans le but de mieux soutenir les coopératives et les organismes à but non lucratif. Le budget provincial de 2024 prévoyait 10 millions de dollars supplémentaires pour cette initiative, ce qui représente actuellement le taux proportionnel d’investissement le plus élevé en matière de logement abordable dans les provinces de l’Atlantique.

Toutefois, compte tenu de la forte croissance démographique et du marché locatif déjà restreint – et en détérioration –, il est urgent d’alimenter cet engagement et de s’assurer qu’il persiste. Comme la plupart des provinces, l’Île-du-Prince-Édouard ne construit environ que la moitié des nouvelles maisons et unités locatives requises pour atteindre les conditions de logement abordable visées : elle compte déjà un déficit d’environ 5000 unités.

La province continue de faire de nouveaux et considérables investissements dans les soins de santé pour répondre aux besoins d’une population croissante et vieillissante. Bien qu’il soit fortement nécessaire d’améliorer les services pour les personnes âgées prince-édouardiennes, la volonté d’investir dans les soins de santé devrait inciter les dirigeants provinciaux à soutenir différents modèles de soins primaires, ce qui pourrait remédier à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté associées à certains déterminants sociaux de la santé.

Réduction de la pauvreté

1. Obtenir l’appui unanime de tous les partis fédéraux pour un projet pilote portant sur le revenu de base garanti à l’Île-du-Prince-Édouard avant les prochaines élections fédérales.

L’idée d’instaurer un revenu de base garanti (RBG) à l’Île-du-Prince-Édouard a été étudiée en détail et bénéficie de l’appui de tous les partis. L’Île-du-Prince-Édouard est un site pilote idéal pour un RBG, car le marché du travail insulaire est en grande partie autonome. Elle n’a toutefois pas de partenaire fédéral pour aider à partager les coûts associés à un tel projet pilote, si bien que l’idée demeure actuellement en suspens. Les données indiquent qu’en tant que réponse politique efficace et ciblée en matière de pauvreté et des coûts économiques et sociaux qui y sont associés, un RBG pourrait avoir des effets positifs importants non seulement sur la sécurité du revenu, mais aussi sur la santé, l’éducation et d’autres résultats sociaux et économiques de taille.

2. Indexer les tranches d’imposition et les contributions sociales sur l’inflation.

Cette année, le gouvernement a augmenté les taux d’aide sociale et apporté aux impôts sur le revenu et aux impôts fonciers des changements qui aideront les personnes à faible revenu. Malheureusement, le gouvernement n’a pas réussi à effectuer une indexation complète, tant pour les tranches d’imposition que pour les crédits et contributions, y compris l’aide sociale. Jusqu’à ce que l’indexation complète soit adoptée, tout effort visant à améliorer la générosité des programmes, particulièrement à la lumière des récentes pressions inflationnistes, ne constituera que des solutions temporaires à court terme.

3. Augmenter les exemptions de gains pour les adultes vivant seuls à 350 $ par mois et à un taux de récupération de 40 %, et prévoir d’autres augmentations au cours des prochaines années.

Les adultes vivant seuls et qui sont considérés comme étant aptes au travail reçoivent le montant d’aide sociale provinciale le moins élevé, ce qui les place 3 690 $ sous le seuil de la pauvreté économique extrême. Ce changement représenterait une amélioration par rapport au montant actuel de 250 $ par mois et au taux de récupération de 30 %.

 

Logements abordables

4.Établir un fonds permanent de financement du logement abordable.

Il est essentiel que la province comble les lacunes en matière de construction de logements abordables, particulièrement à l’égard des logements à vocation locative. Ce fonds devrait comprendre à la fois un financement à faible taux d’intérêt et des subventions ciblées pour appuyer le développement d’un éventail d’options abordables, du marché immobilier aux logements communautaires.

Des services de garde d’enfants

5. Mettre sur pied un programme de prestations pour enfants

Dans son budget de 2024, le gouvernement de l’Î.-P.-É. s’est engagé à instaurer, à compter de janvier 2025, un programme de prestations pour enfants. Bien qu’il s’agisse d’un programme modeste offrant 30 $ par enfant chaque mois, cette mesure constitue une étape positive qui répond à notre recommandation de 2023.

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