D- Fiche de Rendement de la Nouvelle-Écosse

Section 1: Expérience de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
La situation des gens est moins bonne que l’an dernier
56.7%
F
F
Personnes qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer
40.9%
F
D
Personnes ayant de la difficulté à accéder aux soins de santé
12.4%
C
B-
Les bénéficiaires du soutien gouvernemental qui affirment que les taux sont insuffisants pour suivre le coût de la vie
46%
D
C-
Pourcentage du revenu consacré aux coûts fixes au-delà du loyer
61.4%
F
F
Dans l'ensemble
D-
D

Section 2: Mesures de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Taux de pauvreté (MPC)
13.1%
F
F
L’aide sociale provinciale en pourcentage du seuil de pauvreté (adultes vivant seuls)
34%
F
L’aide aux personnes provinciale en situation de handicap en pourcentage du seuil de pauvreté
47%
F
Taux de chômage
6.2%
D-
D
Taux d’insécurité alimentaire
28.9%
F
F
Dans l'ensemble
F
F

Section 3: Défavorisation matérielle

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Niveau de vie inadéquat
38.9%
F
F
Niveau de vie gravement inadéquat
29.9%
F
F
Dans l'ensemble
F
F

Section 4: Progrès législatifs

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Progrès législatifs
B
F
Dans l'ensemble
B
F
×

La Nouvelle-Écosse a réalisé d’importants progrès législatifs depuis la fiche de rendement de 2023, démontrant une réelle sensibilisation aux enjeux auxquels font face les résidents. Bien que la Nouvelle-Écosse affiche encore certains des pires résultats dans les trois premières sections de la fiche, ces résultats s’amélioreront certainement et leur note globale augmentera si la province continue de progresser comme elle l’a fait.

Aperçu de la pauvreté

La Nouvelle-Écosse montre des signes inquiétants quant à l’ampleur des problèmes financiers rencontrés dans l’ensemble de la province. Ce qui est peut-être le plus inquiétant, c’est que 57 % des gens se sentent financièrement moins bien qu’il y a un an. Cela représente 12 points de pourcentage de plus que la moyenne nationale et 4,5 points de plus que ce qui avait été rapporté l’an dernier.

Bien que le prix global des produits ait augmenté au même rythme que le taux national, le coût des aliments a augmenté de 6,7 % en Nouvelle-Écosse, comparativement à 5 % à l’échelle nationale entre décembre 2022 et décembre 2023. Au total, 40 % des personnes de Nouvelle-Écosse conviennent qu’elles ont de la difficulté à se procurer des aliments frais et abordables. Cela représente 8 points de pourcentage de plus que la moyenne nationale et le deuxième taux le plus élevé au pays. De plus, 36 % des ménages conviennent qu’ils craignent ne pas pouvoir se nourrir eux-mêmes et leur famille, soit 7 points de pourcentage de plus que la moyenne nationale.

Sans surprise, lorsqu’on leur a demandé de classer diverses solutions de réduction de la pauvreté selon leur importance, les habitants de la Nouvelle-Écosse ont classé la réduction du coût des aliments (97 %), la réduction du coût des services publics (92 %) et la réduction des impôts des ménages à faible revenu (91 %) parmi les priorités les plus élevées.

La Nouvelle-Écosse affiche un taux de pauvreté de 13,1 %, taux supérieur à celui de l’ensemble du Canada (9,9 %) et le plus élevé de toutes les provinces, par une marge relativement importante.

La présence de pauvreté à la fois chez les jeunes enfants, les adultes et les personnes âgées (de 65 ans et plus) est un problème très spécifique aux provinces de l’Atlantique. Les personnes âgées représentent maintenant près du quart de la population de la Nouvelle-Écosse, et près de 6 % d’entre elles vivent actuellement dans la pauvreté, comparativement à 4,7 % à l’échelle nationale. Le taux de pauvreté chez les personnes âgées vivant seules est particulièrement élevé, soit 13 %. La pauvreté chez les personnes âgées est un problème auquel il faut s’attaquer.

Concernant les enfants (moins de 18 ans), le taux de pauvreté de 2021 était de 11,4 %, soit environ 3 points de pourcentage de plus que dans le reste du pays. Le taux de pauvreté chez les jeunes de 18 à 24 ans est de 18,4 %, ce qui représente l’un des taux provinciaux de pauvreté chez les jeunes les plus élevés au Canada.

Parmi les autres caractéristiques démographiques préoccupantes liées à la pauvreté, mentionnons les personnes qui vivent seules (24 % vivent dans la pauvreté comparativement à 21,5 % à l’échelle nationale) et les familles monoparentales, dont le taux de pauvreté était de 18,4 %, comparativement à 14,4 % à l’échelle nationale. Le tableau 1 présente différents groupes démographiques et les taux de pauvreté qui y sont associés.

Le coût de la vie et le logement abordable

Les crises du coût de la vie et du logement abordable sont deux des plus importants facteurs qui influent sur la pauvreté au Canada aujourd’hui.


En Nouvelle-Écosse, les coûts de location ont bondi de 12,9 % l’an dernier, soit le taux le plus élevé de toutes les provinces. Parallèlement, les coûts liés à la propriété d’un logement ont augmenté de 5,6 %, ce qui est légèrement inférieur au taux national de 6,7 %. Cela reflète un déséquilibre fondamental dans le rythme de construction sur le marché du logement locatif en Nouvelle-Écosse qui, comme d’autres provinces de l’Atlantique, a été exacerbé par une croissance démographique sans précédent au cours des dernières années.


Les besoins impérieux en matière de logement constituent l’un des indicateurs les plus importants d’abordabilité du logement. Autrement dit, il s’agit du pourcentage de la population vivant dans un logement qui coûte plus de 30 % du revenu de son ménage ou qui se trouve dans des conditions jugées inacceptables. En 2024, 41 % des personnes en Nouvelle-Écosse allouent 30 % ou plus de leur revenu à leur logement


Pauvreté et inégalité en Nouvelle-Écosse

Les personnes racisées de la Nouvelle-Écosse, en particulier la population autochtone et les personnes noires, sont confrontées à des obstacles disproportionnés en matière de possibilités socioéconomiques. Elles sont beaucoup plus susceptibles (23,2 %) de vivre en situation de pauvreté que les personnes qui ne sont pas racisées (7,5 %[IS1] ). Cela représente près du double du taux de pauvreté chez les personnes racisées à l’échelle nationale (12,1 % en 2021). De plus, les deux tiers (64 %) des personnes racisées étaient des immigrants de première génération (nés en dehors du Canada) qui affichaient un taux de pauvreté de 28,1 %, soit le double du taux national (14,1 %). Globalement, chez les immigrants, le taux de pauvreté est de 13,3 %. Chez les immigrants récents, le taux de pauvreté grimpe à 23 %, comparativement à un taux national de 16 %.

Parallèlement, les résidents non permanents (les personnes qui ont un permis de travail ou d’études ou qui ont demandé le statut de réfugié) affichent un taux de pauvreté de 48,3 %, ce qui est supérieur au taux de ce groupe dans l’ensemble du Canada (41,8 %).

Le taux de pauvreté chez la population autochtone de la Nouvelle-Écosse était de 11 % en 2021, ce qui est semblable au taux de ce groupe dans l’ensemble du Canada (12 %), et chez les membres des Premières Nations de la Nouvelle-Écosse, il était de 14,2 %.

En 2021, après des décennies de déclin, la Nouvelle-Écosse a connu sa plus forte croissance démographique depuis les années 1950. Bien que cette croissance entraîne une hausse des recettes fiscales, elle a également mis à rude épreuve les services et contribué à la crise d’abordabilité de la province.


En réaction, le gouvernement provincial a récemment fait d’importants investissements dans les services de soins de santé, mais a négligé d’autres domaines, comme la sécurité du revenu. Bien que les revenus de l’aide sociale aient temporairement augmenté en 2022 en raison de plusieurs paiements ponctuels pour aider les bénéficiaires à faire face à la crise de l’abordabilité, cette bonification n’a pas été maintenue dans le budget provincial de 2024. L’un des rares vestiges de cette aide sociale est une modeste prestation unique de 150 $ aux personnes en situation de handicap qui ne sont pas en mesure de travailler.


Toutefois, le récent budget comprenait des mesures pour introduire l’indexation d’un certain nombre de crédits d’impôt et de tranches d’imposition, y compris le montant personnel de base. Ce changement répond partiellement à la recommandation 4 de notre fiche de rendement provincial de 2023. Finalement, les taux d’aide sociale n’ont pas été inclus dans le plan d’indexation. On s’attend donc à ce que la générosité de l’aide sociale provinciale recommence à dégrader comme avant la COVID-19, alors que l’inflation continue de gruger le pouvoir d’achat des personnes aux revenus les plus faibles.


Ce dernier point témoigne de la nécessité de renouveler la stratégie de réduction de la pauvreté de la Nouvelle-Écosse. Déposée pour la première fois en 2009, la stratégie n’a pas été mise à jour, bien qu’elle ait dépassé de quatre ans sa vision pour 2020. À l’heure actuelle, la province n’est guidée par aucun objectif et ne porte donc pas la responsabilité ni des progrès ni des reculs effectués.


La Nouvelle-Écosse a intensifié ses investissements dans la construction de logements abordables, mais trop modestement pour avoir une réelle incidence. Le budget provincial de 2024 prévoyait 15 millions de dollars supplémentaires pour la construction de nouveaux logements sociaux. On estime que ce financement contribuera à la construction d’environ 50 nouveaux logements. La Nouvelle-Écosse a mis en place des mesures fermes afin d’accroître la densité et la vitesse de construction, mais ces mesures pourraient ne pas suffire à combler le manque actuel. En octobre dernier, la province a publié une nouvelle stratégie sur le logement qui prévoyait un investissement de 1 milliard de dollars et un plan pour soutenir la construction de 40 000 logements au cours des cinq prochaines années. Toutefois, d’après une modélisation récente de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la Nouvelle-Écosse aurait besoin de 60 000 nouveaux logements supplémentaires au cours des six prochaines années pour soutenir la croissance de sa population et rétablir l’abordabilité dans un marché où les taux d’inoccupation sont déjà assez faibles.


Grâce en partie au financement fédéral, la province gère un programme ciblé de supplément au loyer qui offre jusqu’à 200 $ par mois aux ménages qui ont des besoins impérieux en matière de logement et qui ne vivent pas actuellement dans un logement avec service de soutien au loyer. Le programme a connu une hausse considérable des demandes tout au long de 2023, ce qui indique clairement une détérioration de l’abordabilité du logement. Bien que la province ait augmenté le nombre de suppléments au loyer offerts au cours des deux dernières années, elle a également ajusté les paramètres du programme pour répondre à la demande croissante en changeant le seuil d’admissibilité au soutien de 30 % du revenu consacré aux frais de logement à 50 %, ce qui empêche des centaines de locataires en difficulté d’obtenir un soutien.

Des investissements importants sont prévus pour mettre en place un programme provincial universel d’alimentation scolaire et poursuivre l’expansion des réseaux locaux de soins primaires. Des fonds ont également été prévus pour la création d’un accès universel aux services de soutien en santé mentale et en toxicomanie.


Ces investissements importants contribueront à améliorer la qualité et la stabilité de vie de nombreuses personnes à faible revenu en Nouvelle-Écosse. Toutefois, ils devront être jumelés à des efforts visant l’amélioration de la sécurité du revenu et, plus largement, la reconnaissance que la mauvaise santé résulte des conditions socio-économiques, et qu’il ne s’agit pas d’une situation qui peut se régler par elle-même.

Réduction de la pauvreté

1. Mettre en œuvre un plan de réduction de la pauvreté en Nouvelle-Écosse.

La stratégie de réduction de la pauvreté de la province n’a pas été mise à jour depuis 15 ans : un plan serait nécessaire pour déterminer quels secteurs d’investissement auraient le plus d’incidence sur la réduction de la pauvreté à moyen et à long terme.

2. Indexer les taux d’aide sociale en fonction de l’inflation.

La Nouvelle-Écosse a fait un grand pas en avant en prévoyant indexer les tranches d’imposition et le montant personnel de base à compter de janvier 2025. Le gouvernement a donné suite à cette annonce en prévoyant également d’indexer les taux d’aide au revenu.

3. Élimination des quotes-parts des régimes d’assurance-médicaments pour les personnes âgées et les familles.

Cette décision pourrait éviter à plusieurs personnes d’avoir à choisir entre acheter des médicaments essentiels et mettre de la nourriture sur la table. Une telle mesure aurait une incidence notable, car les coûts élevés des ordonnances obligent de nombreux utilisateurs des banques alimentaires de la Nouvelle-Écosse à dépenser moins en nourriture (56 %) ou à cesser leur médication (50 %).

4. Améliorer le crédit pour la réduction de la pauvreté en le doublant, en l’indexant et en élargissant l’admissibilité au-delà du seuil de 16 000 $.

Le crédit pour la réduction de la pauvreté est une mesure de soutien du revenu unique au Canada en ce sens que, contrairement à la plupart des programmes gouvernementaux mis en œuvre par le gouvernement fédéral et les administrations provinciales, elle est spécialement conçue pour les personnes à faible revenu qui n’ont pas d’enfants à charge. Ce groupe figure parmi ceux qui sont le plus souvent oubliés lors de l’élaboration des politiques, car les gouvernements ont tendance à se concentrer davantage sur les familles. Bien que le crédit ait plusieurs fois été revu à la hausse depuis son introduction en 2010, il n’a pas été bonifié par rapport à son niveau actuel de 500 $ par année selon un seuil de revenu annuel de 16 000 $.

Logements abordables

5. Élargir l’allocation canadienne pour le logement ciblée à toute personne sur le marché locatif privé qui en a besoin et dont les frais de logement dépassent 30 % de son revenu.

Cette approche assurerait la cohérence avec la conception de l’Allocation canadienne d’aide au logement. Étant donné que l’allocation ciblée est cofinancée par le gouvernement fédéral, nous recommandons également qu’Ottawa insiste pour apporter des changements similaires au programme provincial.

6. Établir un important fonds pour offrir des prêts à faible coût qui stimuleront la création de logements locatifs abordables, avec des conditions particulières pour s’assurer que ces logements demeurent abordables.

La construction de logements locatifs abordables se trouve bien en deçà du nécessaire pour suivre le rythme d’une population croissante et rétablir un plus grand degré d’abordabilité sur le marché. Cette approche suivrait l’exemple de BC Builds et du gouvernement fédéral et pourrait établir un fonds de financement de 1 milliard de dollars à un coût budgétaire inférieur à 100 millions de dollars (en supposant un certain degré de créances douteuses et des prêts inférieurs au marché).

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