D- Fiche de Rendement du Nouveau-Brunswick

Section 1: Expérience de la pauvreté

Indicateur Donnés
Grade
La situation des gens est moins bonne que l’an dernier
46.3%
D-
Personnes qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer
40.2%
F
Les bénéficiaires du soutien gouvernemental qui affirment que les taux sont insuffisants pour suivre le coût de la vie
42.2%
D+
Personnes ayant de la difficulté à accéder aux soins de santé
20.4%
D-
Pourcentage du revenu consacré aux coûts fixes au-delà du loyer
59.9%
D-
Dans l'ensemble
D-

Section 2: Mesures de la pauvreté

Indicateur Donnés
Grade
Taux de pauvreté (MPC)
6.7%
C
L’aide sociale provinciale en pourcentage du seuil de pauvreté (adultes vivant seuls)
31%
F
L’aide aux personnes provinciale en situation de handicap en pourcentage du seuil de pauvreté
43%
F
Taux de chômage
5.8%
D
Taux d’insécurité alimentaire
22.7%
F
Dans l'ensemble
D-

Section 3: Défavorisation matérielle

Indicateur Donnés
Grade
Niveau de vie inadéquat
28.7%
D-
Niveau de vie gravement inadéquat
17.3%
F
Dans l'ensemble
F

Section 4: Progrès législatifs

Indicateur Donnés
Grade
Progrès législatifs
D
Dans l'ensemble
D
×

En raison des bas salaires, du coût de la vie élevé, des conditions extrêmes entourant le logement et des prestations d’aide sociale les plus basses au Canada, le Nouveau-Brunswick se trouve derrière la plupart des autres provinces en matière d’élimination de la pauvreté.

Les répondants au sondage ont déclaré qu’ils éprouvaient des difficultés généralisées liées à tous les aspects de la pauvreté. Malgré son économie qui repose sur les ressources naturelles, la province continue d’être aux prises avec un taux élevé de chômage et de faibles possibilités économiques.

La hausse des taux de pauvreté au Nouveau-Brunswick peut être attribuée au coût de la vie élevé et aux bas salaires. De plus, certains groupes, comme les peuples autochtones et les immigrants, peuvent faire face à des obstacles systémiques qui les empêchent d’accéder aux mêmes possibilités que les autres résidents, ce qui exacerbe les cycles de la pauvreté et de l’inégalité. Des sondages récents révèlent que près de la moitié (46 %) des habitants de la province estiment qu’ils se trouvent en plus mauvaise posture qu’il y a un an.

 

Difficultés financières

L’association d’un coût de la vie élevé à de bas salaires a des répercussions sur l’ensemble des provinces du pays, mais le Nouveau-Brunswick en souffre particulièrement. Plus du tiers des résidents constatent que leurs bas salaires ont une incidence sur leur capacité à joindre les deux bouts, et près de deux personnes sur cinq affirment avoir de la difficulté à accéder à des aliments frais et abordables. 

 

Difficultés à s’y retrouver dans des systèmes essentiels

De plus en plus de gens éprouvent des difficultés, et un plus grand nombre de personnes se tournent ainsi vers le filet de sécurité sociale fragilisé pour obtenir de l’aide. Malheureusement, 27 % des résidents du Nouveau-Brunswick peinent à accéder aux services sociaux et 50 % n’arrivent pas à bien s’y retrouver dans le régime fiscal, ce qui signifie qu’ils ne perçoivent peut-être pas les prestations auxquelles ils ont droit. Même si l’on tient compte des prestations reçues, c’est au Nouveau-Brunswick que l’aide sociale est la pire au pays.

 

Le pire de la crise du logement

Un examen des enjeux stratégiques qui préoccupent le plus la population du Nouveau-Brunswick en dit beaucoup sur les difficultés rencontrées : 51 % des habitants soulignent la nécessité des logements à loyer modique, 52 % affirment qu’il faut baisser les loyers, 65 % disent qu’il faut réduire le coût des services publics , et 51 % déclarent qu’il est nécessaire d’augmenter le salaire minimum. Selon les résultats du bilan provincial, 40 % de la population consacrent plus de 30 % de leur revenu au logement (la proportion la plus élevée au pays), et les ménages à faible revenu allouent en plus 60 % de leur revenu aux autres coûts fixes.

Entre 2016 et 2021, on estime qu’il y a eu 8 600 logements de moins dont les coûts mensuels étaient inférieurs à 750 $. Comme 25 585 ménages locataires au Nouveau-Brunswick gagnent moins de 30 000 $ par année, il est impératif d’offrir des logements à loyer modique.

De plus, la Loi sur la location des locaux d’habitation contient des ambiguïtés qui peuvent mener à l’exploitation des locataires et à une augmentation des logements inabordables. Par exemple, en vertu de cette Loi, le montant par lequel un propriétaire peut augmenter les coûts de location mensuels n’est pas défini, et seule une personne qui est locataire du logement depuis au moins cinq ans peut contester les augmentations de loyer. Depuis 2015, le loyer moyen payé par les ménages au Nouveau-Brunswick a augmenté de 42 %, ce qui est près de 10 % de plus que la moyenne nationale (34 %).

Le logement joue certainement un rôle majeur dans les difficultés éprouvées par les résidents du Nouveau-Brunswick. Pour une grande partie de la population, les salaires sont trop bas et l’inflation est trop élevée pour couvrir les coûts élevés du logement en plus de se procurer les autres produits de première nécessité.

Le gouvernement provincial actuel, dirigé par le premier ministre Blaine Higgs, ont affirmé que les défis liés à l’abordabilité du logement et au coût de la vie sont une priorité absolue. Depuis 2021, le gouvernement a mis en place deux politiques clés pour aborder ces questions :

  • Indexation de tous les taux d’aide au revenu à l’inflation
    • Il s’agit d’une réforme qui indexe toutes les prestations d’aide sociale en fonction de l’inflation; les prestations augmentant chaque année le 1eravril pour tenir compte de la variation de l’indice des prix à la consommation du Nouveau-Brunswick. À ce jour, le Nouveau-Brunswick et le Québec sont les seules provinces qui indexent l’aide sociale en fonction de l’inflation.
    • En 2021, les exemptions de salaire sont passées de 150 $ plus 30 % de chaque dollar supplémentaire pour les adultes vivant seuls et de 200 $ pour les ménages à 500 $ pour les deux (par mois).
  • Limite des hausses de loyer
      • Jusqu’en 2022, le Nouveau-Brunswick n’imposait aucune limite sur les hausses de loyer. En mars 2022, le gouvernement a instauré un plafond de 3,8 %.
      • Ce plafond a expiré à la fin de 2022, et plusieurs résidents locataires de la province ont commencé à constater des augmentations non plafonnées des loyers immédiatement après.

Le Nouveau-Brunswick s’est doté d’une stratégie de réduction de la pauvreté, qui a été revue en 2022. La province progresse vers l’atteinte des objectifs qu’elle s’était fixés, mais les progrès sont lents. De plus, les objectifs fixés dans le cadre de cette stratégie sont modestes et ne s’accompagnent pas d’une orientation claire pour mettre fin à la pauvreté.

Une tâche colossale attend le gouvernement du Nouveau-Brunswick, alors qu’il cherche à réaliser d’importants progrès au chapitre de la lutte contre la pauvreté. L’application d’une norme en matière de salaire de subsistance et les efforts pour mettre fin à la crise du logement dans la province devraient figurer parmi les principales priorités. Le gouvernement doit se concentrer sur les politiques axées sur les jeunes, les personnes âgées, les familles monoparentales, la communauté LGBTQ+, les personnes handicapées et les personnes aux prises avec des problèmes de dépendance et de santé mentale.

Le budget du Nouveau-Brunswick 2023-2024 démontre que la province a fait des efforts pour réduire la pauvreté, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. Le gouvernement a annoncé une augmentation de 7,3 % des prestations d’aide sociale dans le cadre du Programme d’assistance transitoire et du Programme de prestations prolongées ainsi qu’un financement de 37 millions de dollars pour améliorer l’accès à des services de garde d’enfants abordables.

En ce qui concerne l’abordabilité des logements, le gouvernement du Nouveau-Brunswick n’a pas fait d’investissements considérables autres que celui de 100 millions de dollars annoncé précédemment visant la construction de 380 nouveaux logements publics. Même si le gouvernement s’est engagé à verser plus de 100 millions de dollars pour la construction de ces nouveaux logements, ce montant est encore bien inférieur à celui requis pour regarnir le parc de logements à loyer modique.

Logements à loyer modique
  1. Créer des protections améliorées pour les locataires

Pour remédier à l’absence de mesures de protection prévues par la Loi sur la location des locaux d’habitation, le gouvernement du Nouveau-Brunswick devrait, à tout le moins, adopter une orientation politique en ce qui concerne l’augmentation des loyers afin de mieux contrôler les hausses abusives infligées aux locataires et de s’assurer qu’ils disposent de mesures pour les contester.

  1. Renouveler l’offre de logements à loyer modique, qui a diminué de 25 % entre 2016 et 2021

Nous recommandons au gouvernement :

  • d’accélérer la mise en œuvre des mesures pour accroître le nombre de nouveaux logements publics et d’intensifier ses investissements ciblés en visant la construction d’un minimum de 500 logements cette année plutôt que 380, comme prévu initialement;
  • de créer un plan pour en construire au moins 2 500 de plus d’ici 2025.

Si le Nouveau-Brunswick ne parvient pas à se montrer plus proactif dans ses efforts pour surmonter cet important obstacle à la réduction de la pauvreté, le gouvernement fédéral devra examiner les outils dont il dispose pour rajuster les transferts fédéraux à la province, en particulier ceux prévus dans l’Entente bilatérale Canada-Nouveau-Brunswick sur le logement abordable ainsi que l’accès de la province au Fonds pour accélérer la construction de logements annoncée dans le budget fédéral.

 

Travail décent et éducation
  1. Élaborer une stratégie d’emploi et de formation pour les jeunes

Le Nouveau-Brunswick affiche l’un des niveaux d’études postsecondaires les plus faibles au Canada et le deuxième taux le plus élevé de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEET). Le gouvernement provincial doit s’efforcer de changer ces réalités en commençant par l’élaboration d’une ambitieuse stratégie d’emploi jeunesse visant à réduire l’indicateur NEET de 25 % d’ici les trois prochaines années, ce qui permettrait au Nouveau-Brunswick de se rapprocher un peu plus des provinces voisines du Québec et de l’Île-du-Prince-Édouard.

  1. Miser sur l’amélioration de la rémunération au travail et l’aiguillage des jeunes vers des métiers spécialisés

Dans le cadre de la stratégie emploi jeunesse proposée, le Nouveau-Brunswick devrait envisager d’adopter un crédit d’impôt remboursable pour les ménages à faible revenu s’inspirant du crédit d’impôt pour les personnes et les familles à faible revenu (CIPFR) bonifié que nous avons proposé pour l’Ontario.

De plus, le Nouveau-Brunswick devrait profiter de la demande croissante pour les métiers spécialisés et mettre en place un programme de bourse d’apprentissage qui offrirait plusieurs milliers de dollars en primes aux jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation et qui retournent aux études pour apprendre un métier. Les bénéficiaires de l’aide sociale qui font la transition vers un métier devraient également avoir accès à ce programme de bourse, qui leur permettrait d’obtenir un supplément équivalent à environ six mois de prestations.

 

Soutien du revenu
  1. Augmenter le montant de l’exemption de salaire par rapport à celui après la hausse de 2021

Le gouvernement provincial devrait poursuivre ses efforts pour aider les adultes vivant seuls et les ménages à faire face aux problèmes liés à l’abordabilité en améliorant davantage les exemptions de salaire pour les personnes qui reçoivent de l’aide financière. Nous recommandons une exemption de salaire mensuel de 500 $ combinée à une exemption de 55 % sur le solde pour les adultes vivant seuls et une exemption de salaire mensuel de 800 $ combinée à une exemption de 55 % sur le solde pour les familles. De plus, l’exemption initiale devrait être augmentée à 700 $ pour les personnes âgées vivant seules, et à 1100 $ pour les ménages composés d’aînés.

  1. Faire de la prestation d’urgence pour le carburant et la nourriture ponctuelle une prestation récurrente

La prestation d’urgence pour le carburant et la nourriture permet de soutenir les personnes et les familles à faible revenu. Le gouvernement provincial devrait en faire une prestation annuelle récurrente plutôt qu’une prestation ponctuelle. De plus, le montant alloué devrait être de 300 $ par personne admissible ou de 500 $ par famille admissible.

Comparez les fiches de rendement