Il y a plus de 30 ans, l’association des étudiants diplômés de l’Université de l’Alberta, à Edmonton, a commencé à recueillir et à distribuer des aliments au sein du département pour pallier les frais de scolarité et les autres dépenses élevées des étudiants étrangers.
La demande d’aide alimentaire d’urgence était si grande que la Campus Food Bank a été créée en 1991, transformant ce qui devait être une initiative ponctuelle en la plus ancienne banque alimentaire d’un campus universitaire au Canada.
« Des étudiants de tous les horizons – autant canadiens qu’étrangers – faisaient la file, mentionne Madi Corry, gestionnaire de programmes à la Campus Food Bank. C’est pour ça que nous sommes devenus plus permanents; il était clair qu’une initiative ponctuelle n’allait pas combler les besoins. »
Aujourd’hui, la Campus Food Bank offre des programmes d’aide alimentaire supplémentaire aux étudiants et au personnel, à leurs personnes à charge et aux nouveaux diplômés dans le cadre de sa mission : travailler à faire de l’Université de l’Alberta un lieu où tous ont accès à de la nourriture et à une éducation nutritionnelle. Mais selon Mme Corry, le personnel et les bénévoles n’ont jamais été aussi préoccupés par la gestion qu’exige une demande qui explose.
Selon le dernier Bilan-Faim, le rapport phare de Banques alimentaires Canada qui documente l’utilisation des banques alimentaires au Canada, la Campus Food Bank a enregistré plus de 400 visites de clients en mars 2022 seulement.
« Mars 2023 a battu tous les records, ajoute Mme Corry. Nous avons reçu 1 052 visites, ce qui signifie plus de 1 000 visites en un mois pour la toute première fois. »
Un sondage mené par la Campus Food Bank au printemps 2023 a révélé qu’environ 70 % de ses clients sont des étudiants étrangers qui doivent faire face aux fluctuations des devises et aux restrictions d’emploi hors campus.
« Ces étudiants doivent vivre très loin du campus pour avoir les moyens de se loger, poursuit Erin O’Neil, directrice générale de la Campus Food Bank. Au bout du compte, leurs frais de scolarité sont exorbitants comparativement à ceux de nos étudiants canadiens. »
En moyenne, le recours à la Campus Food Bank au cours de l’année scolaire 2022-2023 a augmenté de 140 % par rapport à l’année 2021-2022.
L’été 2023 a également été de loin le plus achalandé, avec plus de 15 nouveaux clients inscrits par jour au mois d’août.
« Nous sommes très préoccupés par la gestion de cette demande si la tendance se maintient dans les prochaines années, a mentionné Mme Corry. Nous nous attendons à recevoir plus de visites que jamais en septembre. »
« La faim de connaissances, pas la faim tout court »
Pour aider à se préparer à un autre mois record, Mme Corry indique que la Campus Food Bank apportera des ajustements, notamment la prolongation des heures d’ouverture pour pouvoir servir plus de gens.
L’adoption d’un modèle d’aide alimentaire de type « épicerie » à compter de novembre 2022 – où les visiteurs parcourront les tablettes afin de choisir des aliments qui répondent à leurs besoins particuliers – aura pour effet de préserver leur dignité, d’améliorer l’efficacité de la banque alimentaire et de réduire le gaspillage.
« Auparavant, il fallait beaucoup d’heures de bénévolat pour assembler des paniers alimentaires préemballés pour les clients. Nous étions trop occupés à préparer des paniers chaque jour, explique Mme Corry. Maintenant, le modèle d’épicerie permet aux gens de ne prendre que ce dont ils ont besoin. Nous ne leur donnons pas des choses qu’ils ne consommeront probablement pas. »
La banque alimentaire continuera également d’offrir un déjeuner gratuit hebdomadaire aux étudiants sur le campus, un service d’autobus gratuit qui les conduit à des supermarchés hors campus difficiles d’accès, ainsi que des activités gratuites sur le campus qui leur permettent d’acquérir des compétences culinaires et de réaliser des recettes avec des ingrédients à faible coût et faciles à reproduire à la maison.
« Nous fournissons toute la nourriture et nous nous adaptons aux restrictions alimentaires. Les gens peuvent cuisiner et partager un repas ensemble », conclut Mme Corry.