Ontario D-

OntarioReport Card

Section 1: Expérience de la pauvreté

Indicator Data Grade
La situation des gens est moins bonne que l’an dernier
43.1% D+
Personnes qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer
37.8% F
Personnes ayant de la difficulté à accéder aux soins de santé
30.1% F
Les bénéficiaires du soutien gouvernemental qui affirment que les taux sont insuffisants pour suivre le coût de la vie
44.4% D
Pourcentage du revenu consacré aux coûts fixes au-delà du loyer
55.0% C+
Overall D

Section 2: Mesures de la pauvreté

Indicator Data Grade
Taux de pauvreté (MPC)
7.7% D
L’aide sociale en pourcentage du seuil de pauvreté (adultes vivant seuls)
34% F
L’aide aux personnes en situation de handicap en pourcentage du seuil de pauvreté
54% D-
Taux de chômage
5.1% D+
Taux d’insécurité alimentaire
19.2% C-
Overall D

Section 3: Défavorisation matérielle

Indicator Data Grade
Niveau de vie inadéquat
32% F
Niveau de vie gravement inadéquat
12.4% D
Overall D-

Section 4: Progrès législatifs

Indicator Data Grade
Progrès législatifs
F
Overall F
×

L’Ontario est la province la plus peuplée du Canada et représente donc une part importante de la pauvreté du pays. Malheureusement, les mesures prises par le gouvernement au cours des dernières années n’ont pas permis de lutter contre la pauvreté, et elles l’ont même aggravée dans certains cas. L’Ontario compte une importante population ouvrière aux prises avec la pauvreté. De plus, la crise du logement et les défis auxquels font face les personnes en situation de handicap sont des enjeux de pauvreté majeurs.

Logement et coût de la vie

Les facteurs de pauvreté les plus souvent abordés en Ontario sont l’abordabilité du logement et le coût élevé de la vie. L’Ontario se classe au deuxième rang des provinces du Canada ayant les coûts de propriété les plus élevés. De plus, près de 70 % des personnes qui fréquentent les banques alimentaires sont locataires, ce qui indique que le coût du loyer est un facteur important dans le contexte de l’abordabilité.

En moyenne, le coût de location d’un logement comptant une chambre en Ontario est le plus élevé au pays : près de 2 200 $ par mois. Le coût des logements de trois chambres arrive au deuxième rang : environ 3 000 $ par mois en Ontario contre 3 400 $ en Colombie-Britannique. Au total, un Ontarien sur quatre a de la difficulté à trouver un logement à loyer modique, et près de deux personnes sur cinq consacrent plus de 30 % de leur revenu à leur logement.

Quant au coût de la vie en Ontario, beaucoup de personnes à faible revenu allouent beaucoup plus de la moitié de leur revenu à des coûts fixes autres que le logement. Un nombre considérablement plus élevé de résidents de la province déclarent ne pas pouvoir accéder aux soins de santé nécessaires en raison de problèmes d’abordabilité. Ces problèmes semblent s’aggraver, puisque 43 % des Ontariens affirment que leur situation financière a empiré depuis l’an dernier.

 

Solutions à la sécurité sociale

De meilleures possibilités d’emploi et des politiques visant à promouvoir le travail décent contribueraient à atténuer les difficultés des habitants de l’Ontario. Malheureusement, les personnes qui reçoivent de l’aide sociale et qui cherchent à réintégrer le marché du travail sont en fait punies parce que leurs prestations sont récupérées de façon exorbitante pour chaque dollar gagné. De plus, l’Ontario affiche parmi les prestations d’aide sociale les plus basses au pays : 34 % du seuil de pauvreté pour les adultes vivant seuls en âge de travailler. En d’autres termes, les lois entourant le plan d’aide sociale de la province mènent les habitants à la pauvreté, et il devient encore plus difficile pour eux de trouver un travail convenable.

 

Considérations sociodémographiques

* L’Ontario est l’une des trois provinces dont l’échantillon est suffisamment grand pour rendre compte des communautés racisées aux fins de notre enquête.

Les peuples racisées en Ontario font face à de nombreux défis qui ne touchent pas le reste de la population. Les données de notre sondage suggèrent deux secteurs en particulier qui entraînent des défis amplifiés pour ce groupe : le travail et le logement.

Pas moins de 37 % des personnes de communautés racisées ont de la difficulté à joindre les deux bouts en raison des bas salaires, alors que le pourcentage se situe à 30 % dans l’ensemble de la province. Ce qui aggrave le problème, c’est que 39 % des membres de ce groupe ont également de la difficulté à accéder à un emploi stable dans leur communauté, alors que la moyenne provinciale se situe à 29 % (10 % de moins). De plus, 41 % des répondants racisées au sondage ont également déclaré que leur santé mentale nuit à leur capacité de trouver du travail, de travailler efficacement ou de maintenir leurs finances.

Compte tenu de ces défis, il n’est pas surprenant de découvrir que les membres des communautés racisées sont beaucoup plus susceptibles d’éprouver des difficultés liées au logement. Dans l’ensemble, 34 % des répondants de ce groupe conviennent qu’il est difficile de trouver un logement adéquat,alors que la moyenne provinciale est inférieure à ce nombre de près de 10 %. Parmi les personnes qui trouvent un logement, 41 % conviennent qu’il est difficile pour elles de suivre la hausse des loyers (hausse de sept points de pourcentage par rapport à la moyenne provinciale). Ainsi, 30 % d’entre elles consacrent de 30 % à 50 % de leur revenu au logement, ce qui correspond à sept points de pourcentage de plus que la moyenne provinciale.

Approche en matière de pauvreté

En 2018, le gouvernement provincial a renversé bon nombre des mesures stratégiques en place, y compris le projet pilote portant sur le revenu de base. Il a également gelé les prestations d’aide sociale et d’aide aux personnes handicapées, et éliminé des programmes universels comme l’accès à des médicaments sur ordonnance gratuits.

Depuis, l’approche de la province en matière de réduction de la pauvreté s’est détournée des priorités sociales – itinérance, santé mentale et populations vulnérables – pour mettre l’accent sur l’emploi.

Comparativement aux stratégies de réduction de la pauvreté mises en place dans les autres provinces et à l’échelle fédérale, la stratégie de l’Ontario ne comprend pas de méthode claire pour évaluer la réussite globale en matière de réduction du nombre d’Ontariens à faible revenu. Bien que la stratégie actuelle de la province comprenne des indicateurs pour accroître le taux d’emploi et réduire le nombre de cas d’aide sociale, ceux-ci ne garantissent aucun succès en ce qui concerne la réduction globale de la pauvreté.

L’une des principales mesures découlant du changement d’orientation de 2018 a été l’instauration du crédit d’impôt pour les personnes et les familles à faible revenu (CIPFR). Le système de transfert du revenu, y compris le rôle joué par les mesures fiscales remboursables comme le CIPFR et l’ACT, est l’un des outils les plus puissants dont nous disposons pour réduire simultanément la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Depuis son lancement, le CIPFR a fourni potentiellement des milliers de dollars en soutien supplémentaire aux travailleurs pour les aider à faire la transition vers le travail, même s’ils occupent un emploi au salaire bas ou à temps partiel.

Logement

En 2020, le gouvernement progressiste-conservateur (PC) a lancé la stratégie Établir une base solide pour la réussite : Réduire la pauvreté en Ontario, un plan quinquennal de réduction de la pauvreté. Cette stratégie soulignait l’importance pour le gouvernement d’atteindre son objectif de faire passer 60 000 bénéficiaires de l’aide sociale à l’emploi d’ici 2024. Les critiques ont noté que ce plan comporte des lacunes en ce sens qu’il :

  • met la barre trop bas pour mesurer le succès en considérant la réduction de la pauvreté sur le plan du nombre de personnes qui quittent l’aide sociale;
  • ne reconnaît pas le nombre croissant de travailleurs pauvres;
  • ne tient pas compte du fait que de nombreux emplois peu rémunérés laissent encore des Ontariens dans la pauvreté.

Malgré le fait que le logement est le plus grand problème de la province, le gouvernement PC a omis à plusieurs reprises de prendre des mesures considérables pour offrir des logements à loyer modique. Par exemple, il a ignoré l’avis du Groupe d’étude sur le logement abordable en introduisant d’abord la Loi de 2022 pour plus de logements pour tous, puis la Loi de 2022 visant à accélérer la construction de plus de logements. La seconde Loi a été largement critiquée par des experts en matière de logements à loyer modique, qui affirment qu’elle pourrait en fait réduire la quantité de logements abordables et augmenter les profits des promoteurs.

Les experts locaux estiment que si le gouvernement veut lutter efficacement contre la pauvreté, il doit également aborder ce qui suit :

  • les logements à loyer modique;
  • la présence de grande pauvreté dans la province;
  • le manque de connaissances relatives aux prestations offertes aux résidents et à l’accès à l’information sur les impôts.

En outre, ces experts soutiennent que les décideurs politiques doivent accorder la priorité aux groupes vulnérables comme les jeunes et les travailleurs pauvres.

Le budget de l’Ontario de 2023 n’a pas tenu compte de la réduction de la pauvreté ni de la flambée du coût de la vie dans l’ensemble de la province. Bien que l’Ontario soit l’une des provinces où le coût de la vie est le plus élevé, le budget ne vise guère à aider les personnes et les familles qui peinent à joindre les deux bouts. Certains engagements mineurs méritent d’être soulignés, notamment les investissements dans le Programme de prévention de l’itinérance et le Programme de logement avec services de soutien pour les Autochtones. Même si un investissement visant à soutenir les services communautaires de santé mentale et de dépendance est inclus dans le budget, il se limite aux fournisseurs de services financés par le ministère de la Santé.

En 2023, l’Ontario devra continuer d’aider les travailleurs à faible revenu grâce à des programmes plus robustes. Cette approche correspond à l’orientation générale du gouvernement jusqu’à présent et répond directement aux préoccupations concernant la disponibilité d’emplois convenables. Au-delà de cela, le gouvernement doit prendre des mesures pour montrer qu’il prend au sérieux la crise de l’abordabilité du logement, et ultimement, la crise de la pauvreté.

Responsabilités
  1. Établir une cible claire de réduction de la pauvreté

Nous recommandons à la province d’adopter officiellement un ensemble d’objectifs de réduction de la pauvreté conformément à la Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, ce qui supposerait une réduction de 50 % de la pauvreté d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2015. Compte tenu du fait que la province a presque réussi à atteindre cet objectif pendant la pandémie, les dirigeants devraient, à court terme, accorder la priorité aux mesures qui permettent d’améliorer la sécurité du revenu, de construire des logements à loyer modique et de promouvoir le travail décent afin de s’assurer que les progrès récents ne sont pas inversés de façon significative.

 

Travail décent bien rémunéré
  1. Doubler le crédit d’impôt pour les personnes et les familles à faible revenu (CIPFR) pour les Ontariens qui gagnent moins de 50 000 $ et chercher à l’harmoniser à l’allocation canadienne pour les travailleurs (ACT).

Pour renforcer les incitatifs du CIPFR, la province devrait réinvestir les gains fiscaux récents découlant de la relance du marché du travail après la COVID-19 afin d’offrir une rémunération suffisante au travail. En nous appuyant sur la plateforme existante du CIPFR, nous recommandons à la province de le doubler pour qu’il atteigne 1 700 $, en ciblant en particulier les travailleurs qui gagnent moins de 50 000 $, ce qui est généralement conforme au seuil de pauvreté de la mesure du panier de consommation (MPC) pour un travailleur vivant à Toronto.

Afin d’améliorer l’incidence du programme sur les utilisateurs, le gouvernement de l’Ontario devrait également collaborer avec le gouvernement fédéral pour harmoniser la conception du programme avec l’ACT. Les efforts d’harmonisation des programmes permettraient de s’assurer qu’un employé à bas salaire qui travaille 20 heures ou moins par semaine et qui gagne 16 $ l’heure puisse bénéficier pleinement d’un soutien combiné et sans réduction de près de 3 300 $.

  1. Faire en sorte qu’il soit plus facile pour les personnes qui participent au Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées (POSPH) de travailler et d’accumuler de l’argent.

Bien que la province ait apporté des modifications bienvenues pour augmenter le montant qu’un bénéficiaire du POSPH peut conserver s’il trouve du travail (récemment passé de 200 $ à 1 000 $ par mois), toute rémunération supérieure à ce niveau est toujours récupérée à un taux de 75 %. À tout le moins, la province devrait réduire cette disposition de récupération à 50 %, ce qui serait conforme à la règle actuelle d’exemption de gains en Ontario. Ainsi, les bénéficiaires du POSPH seraient plus en mesure de chercher du travail et de trouver un emploi s’ils en ont la capacité, et ils seraient davantage incités à le faire.

  1. Moderniser le programme Ontario au travail et le POSPH.

En prévision de l’incidence importante de la Loi sur la prestation canadienne pour les personnes handicapées à venir sur le filet de sécurité sociale du Canada, le gouvernement de l’Ontario devrait entreprendre un examen semblable pour améliorer la pertinence et la simplicité des prestations afin qu’elles offrent un soutien viable qui encourage les personnes aptes à travailler.

Logements à loyer modique
  1. Mettre sur pied un fonds provincial pour accélérer la construction de logements assorti de nouveaux incitatifs fiscaux et de subventions pour stimuler la construction de logements locatifs abordables et spécialisés.

L’Ontario a besoin à la fois d’un plus grand nombre de résidences et d’un plus grand nombre de résidences abordables. Même si la province a pris des mesures très modestes pour accélérer la construction de logements, pratiquement aucun de ces efforts stratégiques n’a visé à répondre aux besoins en logements abordables des personnes à faible revenu et des travailleurs pauvres. Les promoteurs des marchés privés ont du mal à répondre à la hausse de la demande en raison d’un resserrement important des conditions financières, alors que les taux d’intérêt ont grimpé au cours de la dernière année. Bien que les promoteurs aient joué un rôle dans l’aggravation du marché immobilier, l’Ontario a encore besoin d’eux pour trouver une solution.

Nous recommandons que la province mette sur pied un fonds provincial pour accélérer la construction de logements axé sur une combinaison d’incitatifs fiscaux et de subventions pour les promoteurs. Cela pourrait comprendre l’établissement d’une catégorie de déduction pour amortissement améliorée et limitée dans le temps pour les logements locatifs spécialisés afin que les promoteurs puissent récupérer plus rapidement leurs dépenses en immobilisations. En échange, l’Ontario fixerait de solides conditions pour accroître la combinaison de logements abordables et de logements aux coûts inférieurs à ceux du marché afin d’offrir un plus grand choix d’options abordables. Le fonds pourrait également être jumelé à d’autres investissements de subventions pour faciliter l’acquisition de terrains.

  1. Établir un fonds ontarien de protection et d’acquisition de logements.

Pour que les Ontariens aient accès à des logements à loyer modique et que les fournisseurs de logements sans but lucratif et coopératifs de l’Ontario puissent répondre à la demande de logements, il est essentiel que ces fournisseurs soient en mesure d’acquérir des terrains et des propriétés à moindre coût et rapidement à des fins d’aménagement, car il s’agit souvent du coût le plus important. La stratégie de la province visant à accélérer la construction de plus de logements a permis de prendre des mesures initiales dans cette direction en proposant d’exempter les projets de construction de logements à loyer modique des droits d’aménagement. Il est urgent que cette initiative soit assortie au financement provincial et aux terrains disponibles pour que les projets puissent aller de l’avant. Nous recommandons qu’un volet d’acquisition et d’aménagement d’au moins 400 millions de dollars soit consacré aux fournisseurs de logements à loyer modique.