L’importance de la communauté à l’Airdrie Food Bank

En 2006, Lori McRitchie, maintenant directrice générale de l’Airdrie Food Bank, ne savait pas qu’elle développerait une passion pour les banques alimentaires. La compassion, la bienveillance et la gentillesse ne sont que quelques-unes des qualités qu’elle observe au quotidien. 

« Ce fut pour moi un long parcours qui vaut plus que tout l’or du monde. J’aime ce que je fais », dit Lori.  « C’est un privilège de pouvoir réunir les communautés dans un objectif d’entraide, et c’est exactement ce que font les banques alimentaires. L’insécurité alimentaire atteint un sommet en ce moment, mais même avant la COVID, la province était aux prises avec une crise alimentaire. L’industrie pétrolière bat de l’aile, beaucoup de gens perdent leur emploi et des voisins souffrent de la faim, mais nos communautés connaissent les besoins, et elles ont toujours su se serrer les coudes et s’entraider. Ce sont vraiment nos communautés qui unissent leurs efforts pour aider les personnes dans le besoin. » 

Mais ça n’a pas toujours été facile. Au début, sa première tâche était de trouver un emplacement pour la banque alimentaire. 

« Avant de me joindre à la banque alimentaire, j’étais enseignante et j’apprenais aux enfants à lire tout en m’occupant du club des petits-déjeuners de l’école. Je faisais du bénévolat pour le programme, puis la personne qui l’a fondé a pris sa retraite. L’école m’a demandé de prendre la relève, et je ne pouvais pas refuser. À l’époque, la ville d’Airdrie collaborait avec la banque alimentaire, mais l’organisme était petit et louait un local dans un immeuble qui appartenait à Services de santé Alberta. Naturellement, Services de santé Alberta a voulu reprendre l’espace pour fournir des soins d’urgence dans la communauté, et la banque alimentaire a dû quitter les lieux. On voulait regrouper le programme de club des petits-déjeuners et la banque alimentaire puisqu’ils ont un objectif commun : aider ceux qui n’ont pas les moyens de se nourrir. C’est ainsi que ça s’est passé. » 

La banque alimentaire a pu s’installer grâce au soutien de la communauté. 

« Quand j’ai commencé, le budget s’élevait à 50 000 $ par année, et il n’y avait que deux employés à temps partiel. Nous avons demandé aux membres de la communauté de nous aider, et ils ont répondu à l’appel, encore une fois. Et voilà où nous sommes rendus. Nous avons un nouveau bâtiment spécialement conçu pour nos besoins, et c’est quelque chose qui n’aurait pas été possible sans l’aide de notre communauté. » 

Les moments heureux étaient nombreux à l’Airdrie Food Bank, où des événements en personne permettaient aux clients de tisser des liens avec leurs voisins. Malheureusement, la COVID est venue y mettre un terme. 

« L’année 2020 a été celle de l’adaptation. Il y a exactement un an, nous étions assis dans notre salle de conférence et nous avions décidé d’annuler notre plus importante collecte de fonds de l’année. Nous étions tristes de devoir l’annuler avec un préavis de 48 heures seulement. Tout avait déjà été payé, et l’événement était couru au sein de la communauté. La situation a été difficile pour tout le monde; beaucoup de gens étaient déçus. Au fur et à mesure que les fermetures se multipliaient, nous devions continuer de nous adapter et nous préparer à changer de cap. La situation évoluait rapidement, et notre équipe a dû s’entendre sur les mesures à prendre. Nous avons décidé d’adapter nos méthodes de livraison de paniers alimentaires, d’imposer le télétravail à certains de nos employés et d’offrir certains de nos programmes en ligne. C’était vraiment difficile de nous projeter dans l’avenir, mais nous avons pris la situation une journée à la fois et fondé nos décisions sur les nouvelles informations disponibles. » 

Et les clients le ressentent encore plus. 

« Au début, je me souviens que les gens paniquaient et se rendaient au magasin pour faire des provisions de nourriture et d’autres produits – comme des lingettes et du papier de toilette – parce qu’ils avaient peur. Par contre, les personnes en situation d’insécurité alimentaire n’avaient pas le luxe de se préparer à l’incertitude. Elles n’avaient pas les moyens d’aller à l’épicerie avant la pandémie, et là, c’était encore pire. La peur était palpable, et ces personnes avaient le sentiment qu’elles n’étaient ni prêtes ni capables de composer avec la crise. Il y a eu beaucoup de clients au cours de la première semaine, plus que jamais auparavant. Beaucoup de gens sont venus chercher le soutien alimentaire et le sentiment de sécurité dont ils avaient besoin. Nous avons ensuite entendu parler de personnes âgées qui ne voulaient pas sortir de chez elles, pas parce qu’elles n’en avaient pas les moyens, mais parce qu’elles craignaient de quitter leur domicile. C’était absolument déchirant. Nous avons commencé à livrer des denrées à ces personnes âgées afin qu’elles puissent rester chez elles et recevoir ce dont elles avaient besoin. » 

Surtout les enfants. 

« Normalement, nous offrons de nombreux programmes dans les écoles, mais notre offre est limitée en raison des restrictions. Auparavant, nous offrions des repas chauds dans les écoles, mais Services de santé Alberta recommande maintenant la distribution d’aliments préemballés uniquement. Nous offrions un programme de déjeuner tous les matins et un programme de collations qui permettaient de distribuer aux écoles des aliments préemballés, comme des yogourts, des craquelins et d’autres petites collations. Heureusement, nous les offrons toujours, mais le fait de ne pas pouvoir distribuer de repas nutritifs nous préoccupe. Nous savons que des enfants ont toujours le ventre vide et qu’ils ne peuvent pas apprendre comme il se doit. Mais rien ne nous arrête. Nous continuerons d’offrir des aliments préemballés parce que notre objectif est de nous assurer que les enfants sont bien nourris. » 

La mission des banques alimentaires est de venir en aide à ceux qui en ont besoin, peu importe la raison. L’Airdrie Food Bank a donc modifié son mode de fonctionnement pour continuer de servir ses clients. 

« Nous avons changé notre mode de livraison dès les premiers instants. Nous avons opté pour le ramassage de paniers de type service au volant. Nous avons réaménagé la banque alimentaire. Nous avons tout fait pour que ce soit sécuritaire. Il y avait des masques et du désinfectant pour les mains à l’entrée, et nous avons modifié nos méthodes de dépôt. Nous nous attaquions à un problème à la fois. Notre priorité était de nourrir notre communauté et de la protéger. » 

Parfois, les besoins ne se limitent pas à l’insécurité alimentaire. 

« On entend tellement parler de personnes âgées seules qui viennent ici pour avoir un contact humain. C’est probablement ce que la pandémie a apporté de plus difficile – l’isolement et la solitude. Le plus important pour nous, c’est que nos clients sortent d’ici plus forts qu’à leur arrivée, avec les munitions dont ils ont besoin, que ce soit des repas pour une semaine, une recommandation, un aiguillage vers d’autres ressources ou une personne à qui parler. Nous sommes toujours là pour eux. Cette interaction personnelle est plus importante que jamais pour nos clients. Nous avons très hâte de reprendre nos activités en personne, nos collectes de fonds et nos cours de cuisine, et de revoir nos bénévoles. » 

Les banques alimentaires sont habitées d’une passion qui les motive à continuer d’aider les communautés dans le besoin, et parfois, les clients ont juste besoin d’un coup de pouce pour surmonter les moments difficiles.  

Lori continue en partageant une expérience avec une de ses clientes : « Une de mes clientes, mère de famille, vivait beaucoup de stress et de changements dans sa vie, et elle m’a envoyé un courriel un samedi matin. Elle avait le cœur en miettes parce qu’elle n’avait pas les moyens d’acheter de la nourriture pour son enfant cette fin de semaine-là. Je me souviens qu’elle n’arrêtait pas de dire : “Je suis une mère épouvantable; je ne peux même pas nourrir mon enfant.” Ça m’a brisé le cœur. J’ai pu l’aider et lui donner quelques-uns de nos paniers d’urgence, et elle m’a envoyé une photo de son fils en train de manger. Pour moi, c’est un symbole d’espoir et de joie. J’avais le sourire collé aux lèvres. Cela nous montre que nous pouvons tous avoir recours à une banque alimentaire. Il peut nous arriver toutes sortes de choses, mais il est bon de savoir que notre communauté est là pour nous et que nous ne sommes pas seuls. Elle m’a dit : “C’est fantastique de savoir qu’il y a quelqu’un qui peut m’aider, surtout dans les moments les plus difficiles.” Ce sont des cas comme celui-là qui me motivent à continuer. On m’a déjà dit que lorsqu’on travaille dans les banques alimentaires, les clients entrent dans notre cœur pour ne jamais en sortir, et c’est vrai. »