Le Canada a atteint un tournant décisif, alors que l’on constate une fragilisation rapide des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté au cours de la dernière décennie.
Malgré l’ampleur démesurée des difficultés financières des gens, la hausse spectaculaire du taux de pauvreté et l’insécurité alimentaire croissante, la plupart des gouvernements tardent à réagir.
Selon les fiches de rendement sur la pauvreté 2024 de Banques alimentaires Canada, près de la moitié des personnes (44 %) à l’échelle nationale considère que leur situation financière s’est dégradée comparativement à l’an dernier. Ces fiches, publiées pour la première fois en 2023, donnent un aperçu global de l’état de la pauvreté au Canada et permettent de comparer les progrès de chaque gouvernement au fil du temps.
En effet, une personne sur quatre vit de l’insécurité alimentaire, le taux le plus élevé jamais enregistré, et toutes les administrations, sauf l’Île-du-Prince-Édouard, échouent dans la section du rapport sur le logement abordable.
Banques alimentaires Canada a pris acte de ces constatations importantes et a fait passer la note attribuée au gouvernement fédéral de « D » en 2023 à « D- » en 2024, ce qui place le pays au bord du précipice lorsqu’il s’agit de lutte contre la pauvreté.
« Les fiches de rendement sur la pauvreté 2024 de Banques alimentaires Canada montrent que les Canadiens de partout au pays peinent à suivre l’augmentation du coût de la vie. Bien que profondément préoccupants, ces résultats n’étonnent malheureusement pas les milliers de banques alimentaires du pays qui ont constaté une augmentation des visites de 50 % depuis 2021 », explique Kirstin Beardsley, chef de la direction de Banques alimentaires Canada. « La collaboration entre tous les ordres de gouvernement et toutes les administrations est le seul moyen efficace de réduire et d’inverser la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Les fiches de rendement sur la pauvreté 2024 de Banques alimentaires Canada indiquent clairement que des efforts collectifs soutenus auxquels tous les gouvernements prennent part constituent notre meilleur espoir d’apporter des changements réels et durables. »
Tous les ordres de gouvernement doivent accorder la priorité aux efforts de réduction de la pauvreté.
Presque tous les gouvernements au pays ont reçu des notes de la fourchette D, et aucune province ni aucun territoire n’a obtenu une note globale supérieure à C. Sur les dix provinces, sept ont mérité la note D- en raison d’une approche de réduction de la pauvreté inadéquate. Autrement dit, aucune province ne démontre un niveau acceptable d’efforts en la matière.
Seules la Nouvelle-Écosse (D- en 2024, F en 2023) et l’Île-du-Prince-Édouard (C- en 2024, D+ en 2023) ont obtenu de meilleures notes qu’en 2023, entre autres parce qu’elles ont introduit des mesures législatives de réduction de la pauvreté dans la dernière année.
Alors que le Québec a légèrement mieux fait que la plupart des autres régions en ce qui concerne les efforts de réduction de la pauvreté (« C+ »), il s’agit néanmoins d’un recul, puisque la province affichait un B- en 2023. Ce recul s’explique par la non-indexation des mesures stratégiques prises lors des années précédentes.
Dans le Nord, les coûts du logement et de la vie aggravent les difficultés vécues par les communautés, démontrant qu’une intervention concertée et rapide des gouvernements est nécessaire.
Les Canadiens méritent mieux
Il est clair qu’en 2024 la pauvreté au Canada évolue dans la mauvaise direction. Toutefois, les gouvernements peuvent prendre plusieurs mesures maintenant pour renverser la tendance et offrir de meilleures conditions de vie aux gens et familles de leur province ou territoire respectif avant la publication du prochain rapport de Banques alimentaires Canada.
À court terme, ils doivent offrir une aide financière immédiate aux personnes qui vivent des niveaux inacceptables d’insécurité alimentaire et qui peinent à se nourrir. À long terme, ils doivent continuer de miser sur la construction de logements abordables, l’amélioration de l’aide sociale et l’aide aux travailleurs à faible revenu.
Le rapport de cette année a salué les efforts de plusieurs gouvernements qui ont amorcé un virage législatif positif. Il faudra cependant plusieurs années de mesures concrètes pour améliorer l’état de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire au Canada.
La série complète de fiches de rendement fournit des analyses et des statistiques détaillées à l’échelle provinciale, territoriale et nationale ainsi que des recommandations politiques et une carte numérique interactive que Banques alimentaires Canada mettra à jour chaque année pour demander des comptes aux gouvernements.