Alors que l’économie et les moyens de subsistance de millions d’habitants de notre pays sont temporairement paralysés en raison de la pandémie de COVID-19, les Canadiens reconnaissent la vulnérabilité de leurs voisins et de leurs communautés à répondre à leurs besoins de base, et ils ont réagi avec une générosité et un soutien exceptionnel. Les sociétés, les particuliers et les gouvernements se mobilisent et travaillent de concert pour répondre aux besoins immédiats des personnes vulnérables en donnant de la nourriture, des fonds et de leur temps aux banques alimentaires et à d’autres initiatives de sécurité alimentaire partout au pays.
S’il est important de répondre aux besoins immédiats, les Canadiens reconnaissent également que le manque de revenus est la principale cause de la faim. En particulier, ils considèrent que le coût du logement, plus que toute autre chose, compromet la capacité des gens à se nourrir. Compte tenu de la pression qu’exerce le coût du logement sur le budget des ménages, il est temps de mettre en œuvre des mesures stratégiques pour minimiser l’incidence de ce facteur sur la capacité des gens à se nourrir, mais aussi pour combler une importante lacune dans notre filet de sécurité sociale en vue de réduire le besoin d’un recours aux banques alimentaires à long terme.
Banques alimentaires Canada a demandé à Recherche Mainstreet, une société de sondage d’opinion publique, de sonder la population canadienne sur ses impressions concernant la gravité de la question de la faim et sur les principaux facteurs financiers qui, selon elle, ont une incidence sur la capacité des Canadiens à se nourrir. Le sondage a été mené les 29 et 30 mars 2020 auprès d’un échantillon représentatif de 1 654 Canadiens. En raison du temps considérable qui s’est écoulé entre la planification et le lancement du sondage, aucune référence particulière à la COVID-19 n’y a été incluse. Toutefois, comme l’enquête a eu lieu environ deux semaines après la mise en place de nombreuses mesures d’éloignement social, les effets de la pandémie étaient possiblement au centre des préoccupations de nombreux répondants.
La perception des Canadiens face au problème de la faim au Canada
Sondage et analyse menés par Mainstreet Research (en anglais seulement)
- Lorsque nous avons interrogé les Canadiens sur la gravité du problème de la faim au Canada, 68,6 % des répondants ont indiqué que le problème était « très grave » ou « plutôt grave », comparativement à 31,4 % qui ont indiqué qu’il n’était « pas trop grave » ou « pas grave du tout ».
- La faim est davantage perçue comme un problème par les femmes (77,7 %) que par les hommes (59,4 %).
- Nous observons également que davantage de répondants âgés considèrent que la faim est un problème. Le pourcentage des répondants par tranche d’âge qui ont indiqué que le problème était « très grave » ou « plutôt grave » est le suivant : 59,2 % (18 à 34 ans), 68,4 % (35 à 49 ans), 72 % (50 à 64 ans) et 77,5 % (65 ans et plus).
Plusieurs facteurs financiers ont une incidence sur la faim, mais le coût du logement sort du lot
- Les Canadiens croient que le facteur qui nuit le plus à leur capacité de se nourrir est le coût du logement. L’option « toutes ces réponses » arrive deuxième. Aucune autre option n’a été choisie par plus de 10 % des répondants.
- Ces résultats indiquent que les Canadiens considèrent qu’il s’agit d’un problème à plusieurs facettes qui n’est pas nécessairement lié à un seul facteur, mais ils estiment que le coût du logement est enjeu qui peut exacerber le problème.
L’aide d’urgence aux locataires : combler les lacunes en matière de logement
Dans le rapport Bilan-Faim de 2019, nous avons constaté que 70 % des clients des banques alimentaires à l’échelle nationale vivent dans des logements locatifs, et que dans l’ensemble des provinces, le loyer et les services publics représentent plus de la moitié du revenu des personnes à faible revenu*. Dans le rapport, nous avons également recommandé qu’en plus d’investir davantage dans les logements à loyer modique le gouvernement fédéral mette immédiatement en œuvre l’Allocation canadienne d’aide au logement prévue pour que les Canadiens ayant de la difficulté à payer leur loyer puissent avoir accès à cette mesure d’aide essentielle†. Idéalement, il s’agirait d’une mesure de soutien universel offert à toutes les personnes à faible revenu, peu importe si leur principale source de revenus provient d’un emploi, de l’assurance-emploi ou de l’aide sociale provinciale.
Les initiatives fédérales et provinciales en matière de sécurité du revenu, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et le gel des loyers à l’échelle provinciale, ont été très bien accueillies et ont largement contribué à atténuer la demande. Cependant, beaucoup de gens tombent malgré tout dans les mailles du filet. Les banques alimentaires de l’ensemble du réseau s’inquiètent également de ce qui arrivera dans trois ou quatre mois, alors que certains de ces soutiens temporaires prendront fin et que les gens auront toujours un loyer à payer et de la nourriture à mettre sur la table.
L’Allocation canadienne d’aide au logement actuelle, qui devait être offerte à toutes les provinces au printemps, est conçue pour aider directement les Canadiens à faible revenu qui consacrent un pourcentage élevé de leurs revenus à leurs coûts de location. Il y aura partage des coûts entre les provinces et les territoires. Même si les détails exacts de la mise en œuvre varieront probablement selon les ententes conclues, la prestation vise à fournir à 300 000 ménages une aide moyenne de 2 500 $ par année d’ici 2030.
Compte tenu des circonstances actuelles, nous recommandons de renforcer les initiatives existantes au moyen d’une nouvelle prestation d’urgence qui aidera un plus grand nombre de Canadiens à faible revenu à payer leur loyer. Ce faisant, le gouvernement fédéral veillera à ce que tous les Canadiens puissent garder un toit au-dessus de leur tête dans les moments difficiles, tout en ayant les moyens de se nourrir.
Un tel investissement permettrait non seulement d’appuyer les personnes qui ne sont actuellement pas admissibles à la PCU, mais aussi de préparer le terrain pour une transformation à plus long terme de notre filet de sécurité sociale afin qu’un plus grand nombre de gens soient en mesure de payer leur loyer ET de mettre de la nourriture sur la table de manière durable.
Tableaux complets
D’après ce que vous avez vu, lu et entendu, quelle est la gravité du problème de la faim chez les Canadiens à l’heure actuelle?
(selon l’âge, le sexe et la région)
Selon vous, quel est le facteur financier ayant la plus grande incidence sur la capacité des gens à se procurer suffisamment de nourriture?
(selon l’âge, le sexe et la région)
Méthodologie
L’analyse du présent rapport est fondée sur les résultats d’un sondage réalisé du 29 au 30 mars auprès d’un échantillon de 1 654 adultes âgés de 18 ans ou plus vivants au Canada. Le sondage a été effectué au moyen d’entrevues téléphoniques automatisées (système RVI). Les répondants ont été joints sur leur téléphone fixe ou mobile.
La marge d’erreur pour le sondage est de plus ou moins 2,4 % avec un taux de confiance de 95 %. Les marges d’erreur sont plus élevées dans chaque sous-échantillon.
Les chiffres ayant été arrondis, les totaux peuvent ne pas correspondre à 100 %.
* Bilan-Faim 2019, p. 22-23. https://hungercount.foodbankscanada.ca/assets/docs/FoodBanks_HungerCount_FR_2019.pdf
† Bilan-Faim 2019, p. 35. https://hungercount.foodbankscanada.ca/assets/docs/FoodBanks_HungerCount_FR_2019.pdf