Nous souhaitons toujours en apprendre davantage sur les personnes qui travaillent dans les banques alimentaires du Canada. Ce mois-ci, nous braquons les projecteurs sur June Muir de l’Unemployed Help Centre à Windsor, en Ontario.
Quel est votre rôle dans le réseau des banques alimentaires?
Je suis présidente de la Windsor Essex Food Bank Association ainsi que de la banque alimentaire de l’Unemployed Help Centre, qui sert de carrefour aux 15 banques alimentaires des comtés de Windsor et d’Essex. Dans le cadre de mes fonctions, je travaille avec le groupe pour améliorer notre capacité collective à offrir des aliments sains et nutritifs à des milliers de personnes et de familles des comtés de Windsor et d’Essex. Mon objectif est de promouvoir nos services pour recueillir des dons qui assureront la sécurité alimentaire dans la collectivité.
Décrivez votre journée de travail typique en un mot.
Active.
Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler dans les banques alimentaires?
J’ai été embauchée par l’UHC notamment pour superviser la banque alimentaire. J’étais heureuse d’accepter cet emploi, parce que je comprenais bien la situation, ayant moi-même grandi dans un quartier à faible revenu. Mon objectif était que ces familles aient accès à suffisamment d’aliments nutritifs. Je voulais également m’assurer qu’elles seraient aiguillées vers nos autres programmes et services, au besoin.
Quelle est votre plus grande réalisation dans votre poste actuel?
La mise en place du programme de récupération alimentaire Plentiful Harvest Food Rescue Program. Notre région compte le plus grand nombre de serres en Amérique du Nord : 150 serriculteurs exploitent des installations sur une superficie de 3 000 acres. Ils produisent des concombres, des poivrons et des tomates que nous pouvons récupérer pour nourrir les enfants et les adultes qui ont faim. Autrement, ces aliments seraient jetés aux poubelles.
Pour résoudre ce problème, j’ai créé, en 2012, le programme de récupération alimentaire Plentiful Harvest Food Rescue Program. L’équipe et moi appliquons les trois stratégies suivantes, qui représentent les trois volets du programme :
- Cinq jours par semaine, un camion frigorifique de 8 m (26 pi) qui nous a été donné ramasse les fruits et légumes frais chez les agriculteurs et expéditeurs.
- Dans notre cuisine communautaire à la fine pointe de la technologie, construite à partir de dons amassés, le personnel lave les fruits et les légumes, les réemballe en portions, s’occupe de la conservation et prépare des repas avec les aliments donnés avant de les distribuer à la population. De plus, la cuisine communautaire est un site hors campus du Greater Essex County District School Board, ce qui permet aux élèves de participer à des cours de cuisine et d’accumuler des crédits en vue de l’obtention de leur diplôme de 12e année. Ces élèves préparent les soupes, les sauces, etc. C’est une situation gagnante pour tous.
- Nous avons créé un « carrefour » pour entreposer les fruits et légumes frais, ce qui a augmenté notre capacité.
Notre approche est vraiment unique en ce sens qu’aucun autre organisme en Ontario n’offre actuellement ce type de programme novateur pour assurer la sécurité alimentaire. Cela a également amené l’Association des banques alimentaires de l’Ontario à prendre l’initiative et à collaborer avec UHC et Banques alimentaires Canada pour développer le programme Farm to Food. La Fondation Trillium de l’Ontario nous a accordé une subvention de 750 000 dollars, qui sera utilisée pendant une période de trois ans.
La création du programme Farm to Food est une réponse directe aux problèmes de gaspillage et d’insécurité alimentaire. Des millions de livres de produits seront détournés et épargnés du labour sous le sol, de l’enfouissement des déchets ou de l’alimentation des animaux. Les produits serviront plutôt à nourrir des centaines de milliers d’Ontariens et Ontariennes qui n’ont pas régulièrement assez à manger.
Cette subvention nous permettra d’en faire encore plus dans les domaines du sauvetage et de la transformation des aliments. Nous récolterons encore plus de produits frais auprès d’agriculteurs du comté d’Essex que ceux que nous sauvons actuellement, pour les ramener à Community Kitchen et les transformer en soupes pour nourrir de manière nutritive les personnes dans le besoin.
Le programme, qui vise à préparer et à conditionner environ 2 millions de portions de soupe par an, permettra de nourrir 30 000 personnes localement. Des portions supplémentaires seront envoyées dans toute la province pour nourrir environ 500 000 personnes différentes au total.
Quel est le plus grand défi que vous devez surmonter dans votre poste actuel?
Fidéliser les donateurs et en trouver de nouveaux. Nous ne sommes pas les seuls à chercher des donateurs fiables et nous nous battons entre nous pour la même part du gâteau. Je dénote une grande lassitude chez les donateurs.
Si vous pouviez faire un seul vœu pour régler le problème de la faim au Canada, quel serait-il?
Que tout le monde au Canada ait accès à des aliments sains et nutritifs.
Quel talent aimeriez-vous le plus avoir?
Celui de cuisinière. J’aimerais pouvoir faire comme nos cuisiniers qui ont la désignation Sceau rouge et préparer un repas dans notre cuisine communautaire pour nos clients.
Si vous pouviez remonter le temps et vous donner un conseil à vous-même, quel serait-il?
Collabore avec les autres, car ensemble, on peut accomplir bien plus. Ne travaille pas seule dans ton coin parce que tu prendras plus de temps pour atteindre tes objectifs. Grâce à la collaboration, tu parviendras à tes fins plus rapidement.
Qui sont vos héros, réels ou fictifs?
Nos clients sont mes héros, car je constate que malgré les défis du quotidien, ils s’en sortent toujours. Lorsqu’ils atteignent leur objectif, ils n’hésitent pas à nous parler de leurs sentiments. C’est extrêmement valorisant, surtout pour le personnel qui les aide.
Quelle est votre conception du bonheur?
Gagner assez d’argent (un salaire décent) pour payer ses factures sans souci et en avoir encore assez pour amener sa famille à un spectacle, etc.
Quelle est votre devise?
Traiter les autres comme on veut être traité soi-même.
Apprenez-nous un fait inusité à votre sujet.
Je dois me bander les yeux lorsque je parle pendant un certain temps alors que je suis à bord d’un véhicule. Ça me stresse au maximum.
Quelle chanson vous représente le mieux?
Roar de Katy Perry.
Connaissez-vous une banque alimentaire ou un acteur du milieu que nous pourrions mettre en vedette dans la prochaine édition du Coup de projecteur? Communiquez avec nous à l’adresse communications@foodbankscanada.ca.