Inondations, feux de forêt et répercussions de la crise économique. Voilà certaines des situations auxquelles a été confrontée la banque alimentaire d’Edmonton qui, depuis sa création il y a 40 ans, aide les personnes vivant dans l’insécurité alimentaire. La pandémie était une première, mais l’organisme était prêt.
Le directeur de l’exploitation de la banque alimentaire d’Edmonton Mark Doram nous parle de son expérience depuis le début de son mandat. « Les dix dernières années ont été incroyables à tous les points de vue. Hélas, la province, surtout Edmonton, a été touchée par de nombreux désastres. Il y a eu des tornades, des feux de forêt, etc. Mais d’une certaine façon, ces désastres nous ont préparés à la pandémie qui, pour nous, n’était qu’une catastrophe de plus. Lorsque les autorités ont classé au niveau de pandémie l’épidémie de COVID-19, nous étions prêts. Les écrans en plexiglas étaient en place, et nous avions réduit la capacité d’accueil de nos bureaux. Heureusement, nous avons été en mesure de poursuivre nos activités et, je touche du bois, nous n’avons pas eu d’éclosion jusqu’à présent. »
La plupart des banques alimentaires s’attendaient à une hausse de l’achalandage pendant cette période. À la banque alimentaire d’Edmonton, cette hausse s’était fait sentir avant la pandémie.
« La région a été durement frappée par le ralentissement économique. On prédisait une hausse de 30 à 40 % de l’achalandage durant la pandémie, mais en Alberta, nous avions déjà connu une hausse en raison de la situation économique. En fait, comme bien des gens ont perdu leur emploi pendant la pandémie, nous avons absorbé une hausse supplémentaire de 10 à 15 %. »
Comme de nombreuses autres banques alimentaires, la banque alimentaire d’Edmonton a dû faire preuve de créativité et modifier ses activités. Son personnel a manifesté une compassion et un engagement exemplaires, et bien d’autres organismes et partenaires bénéficieront des nouveaux programmes ayant été créés.
« Dès les premiers jours de la pandémie, nous avons modifié nos activités. Il faut savoir que nous préparons les paniers dans notre entrepôt avant de les acheminer vers d’autres sites. Comme bon nombre d’entre eux étaient fermés en raison de la pandémie, nous devions trouver d’autres façons de répondre aux besoins de notre clientèle. Nous avons donc ouvert notre deuxième bâtiment pour y distribuer de la nourriture. En plus de servir près de 100 familles par jour, cinq jours par semaine, nous fournissions des aliments à d’autres organismes. Avant la pandémie, ces organismes étaient nombreux à servir des repas chauds, mais ce n’était plus une option en raison de la hausse de l’achalandage. Après des discussions avec notre partenaire Capital Meats, nous avons obtenu des viandes froides pour que ces organismes puissent préparer des sandwichs et les servir avec les soupes offertes par notre banque alimentaire. Ce changement a eu des effets concrets. Nous avons également créé un entrepôt alimentaire mobile, qui se déplace dans les communautés où il n’y a pas de banque alimentaire et s’installe dans un stationnement pour distribuer des paniers aux résidents. Nous voulons aider les gens à se nourrir, peu importe où ils habitent, et nous planifions maintenir ce programme dans le futur. »
La banque alimentaire d’Edmonton s’engage à aider les personnes dans le besoin, non seulement en leur fournissant de la nourriture, mais aussi en trouvant d’autres solutions qui amélioreront leur vie afin qu’elles n’aient plus à recourir aux banques alimentaires.
« Le programme Beyond Food est une autre solution intéressante. En plus d’offrir des cours sur la manipulation des aliments, le programme propose des ateliers de rédaction de C.V. et des formations en tout genre. Avant la pandémie, 40 personnes par jour participaient au programme. Malheureusement, en raison des consignes de santé, nous avons limité le nombre de participants, mais le programme est toujours aussi efficace. D’ailleurs, une personne nous a dit qu’elle avait réussi à décrocher un poste aux Services de santé Alberta grâce au programme. Nous avons hâte de poursuivre le programme après la pandémie. Nous aimons aussi mettre les gens en contact avec d’autres organisations. Par exemple, le logement est un facteur important de pauvreté. Les gens qui n’ont pas de toit n’ont pas les moyens de se nourrir. Nous les aiguillons donc vers des organisations comme Pathway of Hope de l’Armée du Salut, qui s’y connaissent bien dans le domaine. Nous voulons que les gens aient accès aux ressources dont ils ont besoin. Notre mission? Qu’ils n’aient plus besoin d’avoir recours aux banques alimentaires. »
Comme bien d’autres Canadiens partout au pays, les résidents d’Edmonton ont répondu présents pour aider leurs voisins.
« L’an dernier, tous les grands événements ont été annulés, y compris les principales collectes de fonds et de denrées. La période des Fêtes n’a pas été mieux, et les dons se sont faits plus rares. Mais les résidents d’Edmonton sont très généreux et ont tout de même réussi à remplir nos bacs dans les supermarchés et ailleurs. Nous avons aussi reçu beaucoup de dons en argent, ce qui nous a permis d’acheter des aliments. Les Canadiens savent ce qui est important, et la nourriture est essentielle à notre survie. Nous sommes chanceux de vivre dans un pays aussi merveilleux. »
Mark a entendu de nombreuses histoires d’espoir pendant son mandat, mais il a été profondément touché par celle d’un petit garçon et de son gâteau d’anniversaire.
« Je m’en souviens comme si c’était hier. Un père est venu à la banque alimentaire avec son petit garçon qui s’apprêtait à célébrer son anniversaire. Ils sont allés à l’arrière et ont trouvé un gâteau d’anniversaire. Le petit garçon, les yeux pétillants de joie et d’espoir, serrant le gâteau d’anniversaire dans ses bras, a dit à son père que c’était le meilleur anniversaire de sa vie. Je suis tellement touché par le fait qu’un simple gâteau d’anniversaire ait apporté autant de joie à ce petit garçon. »
Et il tient simplement à dire à tout le monde que les banques alimentaires sont là, au besoin.
« Il n’est pas rare que des gens m’interpellent pour me dire qu’ils sont passés de clients à donateurs. Comment alors ne pas croire à notre mission. Il y a tellement de personnes qui ont maintenant repris le contrôle de leur vie et qui n’ont plus à recourir aux banques alimentaires, mais il existe encore des personnes vulnérables qui ont besoin de nous, et nous sommes là pour les soutenir, dans leurs moments les plus difficiles. J’espère vraiment que les gens ne ressentent pas de honte lorsqu’ils ont recours à nos services, car ici, le jugement n’a pas sa place. Nous accueillons tout un chacun à bras ouverts. »