Au mois de mars 2023, les banques alimentaires du Canada ont enregistré près de deux millions de visites, ce qui représente une augmentation de 32 % par rapport à mars 2022 et de 78,5 % par rapport à mars 2019, soit la plus forte augmentation jamais enregistrée d’une année à l’autre.
Selon le tout nouveau rapport Bilan-Faim 2023 de Banques alimentaires Canada, « l’inflation incessante et le bris du filet de sécurité sociale ont poussé toutes les personnes qui n’auraient jamais pensé avoir besoin d’une banque alimentaire à en franchir les portes pour la première fois. Alors que les banques alimentaires du Canada sont en mode de crise et que la demande atteint de nouveaux sommets, nous devons nous demander : quand sera-t-il temps d’agir? » exhorte Kirstin Beardsley, chef de la direction de Banques alimentaires Canada.
Ce rapport historique – seule étude à regrouper plus de 4 750 banques alimentaires et organismes communautaires du pays – montre l’incidence dévastatrice de l’inflation galopante et du soutien social inadéquat sur la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la faim au Canada.
Quand l’inflation transforme une situation déjà difficile en véritable crise.
Malgré des années à sonner l’alarme et à recommander des solutions indispensables pour remédier aux difficultés des Canadiens à faible revenu, les visites dans les banques alimentaires ont atteint un niveau sans précédent en 2023, avec plus de 1,9 million de visites rapportées au mois de mars seulement.
Le nombre de visites aux banques alimentaires ne cesse d’augmenter depuis 2019; plus de 600 000 enfants y ont eu recours en mars 2023 et la fréquentation des banques alimentaires continue d’augmenter pour atteindre des niveaux records.
La proportion de clients pour qui l’emploi constitue la principale source de revenu s’élève à près de 17 % des clients des banques alimentaires, la plus élevée à ce jour.
Selon les répondants au sondage du Bilan-Faim 2023, les trois principales raisons pour lesquelles les gens ont eu recours aux banques alimentaires cette année sont le coût de la nourriture, le coût du logement et les faibles salaires ou les heures travaillées insuffisantes.
Avoir un emploi ne permet plus nécessairement de se sortir de la pauvreté. Étant donné que le coût général de la vie au Canada continue d’augmenter et que les travailleurs à faible revenu affluent vers les banques alimentaires, il est clair que les travailleurs pauvres ne sont tout simplement pas en mesure de joindre les deux bouts.
« Nous ne pouvons pas suivre le rythme de cette croissance, ce n’est pas viable. » – répondant au sondage, Ontario
Quand le nombre de visites à la banque alimentaire n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Non seulement le recours aux banques alimentaires augmente considérablement, mais des répercussions se font sentir sur la capacité de ces dernières à servir les personnes dans le besoin.
En août 2023, la Banque d’alimentation d’Ottawa a déclaré que la hausse des prix des aliments avait une incidence sur les habitudes des donateurs et qu’elle avait été contrainte d’annuler les quarts de travail de bénévoles en raison d’un manque de dons.
Au nom de Feed Ontario, un collectif de plus de 1200 banques alimentaires et organismes de lutte contre la faim, la chef de la direction, Carolyn Stewart-Stockwell, signale que les banques alimentaires risquent de ne plus être en mesure de répondre à la demande dans la province si les pressions actuelles sur le système perdurent.
Selon elle, « Les banques alimentaires sont extrêmement préoccupées par le manque de nourriture ou de ressources pour demeurer ouvertes. Ces inquiétudes exprimées par plusieurs d’entre elles à l’échelle de la province nous parviennent presque chaque jour. »
À l’échelle du pays, le Bilan-Faim 2023 confirme que les gens de chaque province et territoire ont atteint un point de rupture.
Les banques alimentaires du Canada ne peuvent pas suivre le rythme de cette croissance et atteindront bientôt à leur tour un point de rupture.
Nous avons besoin que les gouvernements à tous les niveaux entendent la sonnette d’alarme, et y répondent sans plus attendre.
Quand va-t-on agir?
La nourriture et le financement d’urgence sont plus que jamais nécessaires étant donné que l’inflation exerce une pression sur un plus grand nombre de banques alimentaires et pousse les clients au bord du gouffre. Cette aide ne suffira toutefois pas à apporter des changements durables.
Les derniers chiffres montrent clairement qu’il y a beaucoup plus de personnes en difficulté actuellement que ces dernières années, et notre faible filet de sécurité sociale ne les protège pas.
Le Bilan-Faim 2023 nous rappelle qu’il est temps d’agir. Maintenant.
Pour créer un pays où personne n’est laissé pour compte et où personne ne souffre de la faim, les gouvernements doivent adopter une approche à deux volets et s’attaquer aux causes profondes du recours aux banques alimentaires, soit les faibles revenus et la pauvreté, ainsi que la flambée du coût de la vie.